Elle défend le service public. Ce lundi, dans les colonnes du "Figaro", Sibyle Veil, présidente-directrice générale de Radio France, s'oppose catégoriquement aux récentes critiques contre la Maison ronde. En effet, très fréquemment, à titre d'exemple, sur CNews, Pascal Praud dénonce sur CNews un manque de pluralisme à Radio France. De son côté, en octobre, "Causeur" mettait en Une la première station de France, France Inter, avec en titre : "Ras-le-bol de payer ! Pour se faire insulter...". Autre prise de position : le 22 octobre dernier, "Le Figaro Magazine" a présenté une enquête consacrée au service public de l'audiovisuel et aux accusations de parti-pris "à gauche toute" qui le visent régulièrement.
"Il se passe quelque chose depuis la rentrée. Nous vivons une période de secousses dans laquelle le service public audiovisuel est contesté par des acteurs qui questionnent nos moyens, notre impartialité et notre liberté d'expression. Ces attaques s'inscrivent dans la stratégie électorale de certains candidats à l'élection présidentielle", commence Sibyle Veil. Et de viser "certains concurrents engagés dans une guérilla concurrentielle" : "(Ces attaques) arrivent opportunément au moment où la question de l'avenir de la redevance est posée".
A la question "Doit-on vraiment payer pour entendre des idées qu'on ne partage pas ?", la patronne de la Maison ronde répond que "ce que le financement public permet" est "précisément l'existence d'un espace de débat commun pluraliste", "où ceux qui ne pensent pas pareil peuvent se parler", "pour se comprendre à défaut de s'accorder". "Mais il ne faut pas confondre le triomphe sans partage de ses propres opinions et la préservation d'un espace partagé où faire valoir toutes les opinions. On m'interpelle : 'Mais que fait la direction ?' : à Radio France, la direction ne fait pas la police de la pensée. Elle présence une liberté d'expression réelle, indissociable de la confiance que lui accordent ses auditeurs", indique-t-elle.
Sibyle Veil assure que "des critiques", "Radio France en a connu d'autres" : "Mais depuis quelques temps, c'est différent. Elles révèlent une tendance qui nous dépasse et menace l'espace public et démocratique. Sous la pression des réseaux sociaux, le commun est atomisé. Chacun s'habitue à vivre dans la bulle confortable de ce dont il est déjà convaincu, ce qu'il croit sans réfléchir, ce qu'il écoute sans effort". "La pression est pourtant forte. Nous sommes pris en tenaille entre deux forces : d'un côté, l'autoritarisme classique de certains courants qui ne reconnaissent comme légitime que la pensée qui coïncide avec la leur ; de l'autre, la susceptibilité outragée de partisans de la culture woke qui voudraient juste que l'on pense 'bien'", poursuit la PDG, estimant que "l'aseptisation et la censure menacent aussi nos médias nationaux, à l'encontre de tout ce qui fait l'esprit français" : "Il faut en être conscient".
"Si vous étiez d'accord avec tout ce que vous entendez sur nos antennes, cela voudrait dire que l'on ne fait plus notre travail. Chaque jour, Radio France parle à plus de 15 millions d'auditeurs : qui peut croire un instant qu'ils pensent tous la même chose ?", ajoute Sibyle Veil. Et de conclure : "Ce qu'ils viennent chercher, c'est une couverture stimulante des grands enjeux de notre époque et nous nous efforçons d'en être dignes jour après jour".