A l'heure où la plupart des titres de presse sont amenés à revoir chaque année ou presque leur tarif, un hebdomadaire continuait à faire exception : "Le Canard Enchaîné", au prix de 1,20 euro par semaine depuis des décennies. Une exception qui a pris fin cette semaine, comme le volatile l'annonce à sa Une dans un mot adressé à ses lecteurs. "Cela devait arriver un jour : 'Le Canard', qui n'avait pas augmenté son tarif depuis trente ans, plus précisément depuis décembre 1991, passe à 1,50 euro", peut-on lire en introduction.
Plusieurs raisons sont invoquées, au premier rang desquelles figure le contexte économique et le dépôt de bilan de la coopérative de distribution de la presse Presstalis, qui a mis "Le Canard" dans le rouge pour la première fois de son histoire, comme il l'avait déjà signalé fin 2020. "La facture pour le seul 'Canard' s'élève à 3.216.000 euros", est-il rappelé. "Ces 30 centimes d'augmentation vont également permettre d'améliorer la marge de nos amis les marchands de journaux", poursuit l'hebdomadaire.
Qui se fait fort de rappeler que "durant cette longue période, nos confrères n'ont eu de cesse de faire grimper leur prix de vente au numéro", avec des quotidiens proches de 3 euros et des hebdomadaires d'actualité qui frôlent les 5 euros. Loin de la fin des années 1990 où "Le Monde" ou "Les Echos"' se vendaient à 4 francs, contre 8 francs pour "Le Canard".
"Aujourd'hui, le rapport s'est strictement inversé. 'Le Canard', qui n'encaisse aucune recette publicitaire, qui ne reçoit aucune subvention directe et qui n'a sollicité aucun prêt garanti par l'Etat, vaut 1,50 euro. 'Le Monde' et 'Les Echos', le double. Cette inflation du coût des journaux français n'est pas sans conséquence sur la baisse accélérée de la lecture de la presse dans l'Hexagone", ne peut que constater la rédaction de l'hebdomadaire satirique.
Seule consolation pour les lecteurs les plus fidèles : les tarifs des abonnements restent inchangés. "Nos tarifs demeurent de très loin les plus bas de tous les magazines nationaux d'actualité et de tous les sites numériques d'information. Comme le prix de vente du 'Canard' au numéro", peut-on lire en conclusion.