Le palmipède voit rouge et il n'en a pas l'habitude. Pour la première fois de sa très longue histoire, "Le Canard enchaîné" essuie une perte financière en 2019. Celle-ci s'élève à un peu plus de 30.000 euros, comme le journal fondé en 1915 l'annonce lui-même cette semaine dans ses colonnes. Le "Canard" est ainsi plombé par les créances du distributeur de presse, Presstalis, dont la liquidation cette année a pesé sur les comptes de nombreux journaux français. Sans les charges liées à Presstalis - près de 1,4 million d'euros - l'hebdomadaire satirique aurait été bénéficiaire en 2019.
Les ventes du "Canard" ont cependant baissé cette année-là, avec 15.700 exemplaires de moins par semaine, à 322.820. "La plus forte baisse a eu lieu au second semestre en raison de la grève des transports qui a affecté le réseau Relay", précise le palmipède, en référence à la grève de la fin de l'année 2019. Le journal précise aussi que le nombre de ses abonnés a lui aussi légèrement baissé en 2019, à 73.667 (-2,4%).
L'année 2020, ne devrait pas être meilleure. Marquée une nouvelle fois par la charge de Presstalis, qui coûtera au total à l'hebdomadaire plus de 3,2 millions d'euros en deux ans, elle sera aussi plombée par le premier confinement de mars et avril. Celui-ci a ainsi fait baisser les ventes au numéro de plus de 20% au premier semestre, alors que le "Canard" a décidé de ne pas recourir au chômage partiel et "de maintenir l'intégralité des salaires de son personnel".
Le premier semestre 2020 aura néanmoins permis au journal sans publicité de gagner 14% d'abonnés supplémentaires, pour un total de plus de 82.800. Le confinement aura aussi entraîné une petite révolution : la possibilité d'acheter une version numérique du "Canard". Historiquement réfractaire à ce support, le titre de presse compte s'y ouvrir davantage encore avec la mise en ligne prochaine d'un nouveau site "plus complet, plus facile d'accès et plus convivial".
Si le "Canard" présentait déjà des résultats un peu déplumés en 2018, après une très belle année 2017 marquée par l'affaire Fillon, il avait cependant dégagé un bénéfice de 1,4 million d'euros. Comme de tradition, ce dernier était venu abonder le formidable trésor de guerre de près de 130 millions d'euros accumulé par le journal au fil des années.