Après l'annonce du "Parisien" de ne plus commander de sondages à l'aube de la présidentielle, "Le Monde" explique aujourd'hui dans un article qu'il ne publiera pas dans ses colonnes d'enquêtes d'opinion liées à la primaire de la gauche, dans laquelle s'affrontent Vincent Peillon, Manuel Valls, Arnaud Montebourg, Benoît Hamon, Sylvia Pinel, Jean-Luc Bennahmias et François de Rugy. Ainsi, à quelques jours du premier tour ce dimanche 22 janvier, les lecteurs du journal ne liront pas les tendances de l'opinion sur ces candidats à la présidentielle.
"La raison est avant tout d'ordre technique. Elle tient pour l'essentiel à la durée de la campagne de cette primaire. A droite, la campagne avait démarré deux ans avant le scrutin, ce qui nous laissait le temps nécessaire pour mesurer une évolution, apprécier la fluidité électorale", raconte Brice Teinturier, DG d'Ipsos France et partenaire du "Monde", ajoutant que "la campagne très courte" à gauche "ne permet pas de prendre en compte l'impact des débats télévisés", dont le dernier avant le premier scrutin a lieu ce soir sur France 2 et Europe 1.
Luc Bronner, directeur des rédactions du quotidien appartenant à Xavier Niel, Matthieu Pigasse et Pierre Bergé, souligne qu'il faut "tenir compte de ce qui vient de se passer aux Etats-Unis", mais aussi "veiller à ne pas alimenter un 'sondage bashing' qui semble exagéré". "Globalement, les instituts américains avaient bien mesuré l'écart de voix (près de 3 millions) qui a séparé Hillary Clinton de Donald Trump. En revanche, ils n'ont pas bien perçu ce qui s'est passé dans certains 'swing states' (Etats clés)", poursuit-il.
En tout cas, cette décision du journal ne semble pas être liée à celle prise par "Le Parisien" récemment. "Jamais vingt journalistes de terrain ne parviendront à remplacer des sondages, aussi imparfaits soient-ils. 'Le Parisien' a fait un coup, c'est indéniable, à lui maintenant d'en assumer les conséquences. S'embarquer pour une campagne présidentielle sans disposer d'études d'opinion risque d'être compliqué. Sauf à utiliser les enquêtes des autres...", commente Brice Teinturier, même s'il "respecte évidemment la décision des responsables" du quotidien francilien.