Des explications aux lecteurs. Ce mardi, "Les Inrocks" ont publié une réaction à la polémique liée à la Une de la semaine dernière consacrée à Bertrand Cantat. De nombreuses personnalités sont montées au créneau afin de dénoncer le choix éditorial du journal de mettre en page de couverture le chanteur. Sur son site, l'hebdomadaire "Elle" a d'ailleurs publié ce matin un édito à ce sujet dédié à Marie Trintignant, morte sous les coups de Bertrand Cantat.
Dans leur texte, les journalistes des "Inrocks" soulignent avoir pris conscience de la "vive polémique" de leur couverture et du "désaccord face à ce parti pris éditorial" de ses lecteurs, des personnalités, des citoyens et des artistes. "Face à certaines réactions, qui allaient du désarroi à la haine, nous avons éprouvé le besoin de nous rassembler, de parler, de débattre. Ensemble, nous avons questionné cette couverture tout au long des jours qui se sont écoulés", poursuivent-ils.
L'hebdomadaire précise que le journal est un "groupe d'individus" qui n'est pas tout le temps d'accord sur tout, "notamment sur cette couverture". Ainsi, la rédaction des "Inrocks" comprend avoir "ravivé une souffrance", précisant que l'affaire Weinstein "est venue rappeler à quel point il existait un système d'oppression masculine dont la société ne veut plus". "Ce constat, 'Les Inrockuptibles' l'ont fait depuis de nombreuses années, et ce journal s'est toujours battu contre les violences envers les femmes, contre le sexisme et pour l'égalité entre les sexes", assure l'hebdomadaire.
Concernant le choix de consacrer une Une à Bertrand Cantat, la revue rappelle qu'elle fait "du journalisme" et "le journalisme exige parfois d'aller questionner les zones d'ombre", "d'aller au-delà des frontières et des évidences, quelques qu'elles soient". "Cantat avait-t-il le droit, après avoir tué Marie Trintignant de ses poings, à une vie publique ? Comment dissocier l'homme de l'artiste, et faut-il le faire ?", s'interrogent "Les Inrocks", répondant : "En tant que journalistes, nous sommes là pour poser ces questions. Et la question que soulevait notre article (...) est : pourquoi et comment faire de la musique quand on a tué une femme ?"
Enfin, le journal note que ces interrogations, ainsi que les réactions du public, l'engagent "à faire toujours preuve de vigilance" dans la façon "de traiter et de mettre en scène les sujets" estimés importants. "Pour un magazine comme 'Les Inrockuptibles', le retour de Bertrand Cantat à la musique en fut un. Le mettre en couverture est contestable. A ceux qui se sont sentis blessés, nous exprimons nos sincères regrets", terminent-ils.