"Coupable". C'est le titre d'un un billet de blog publié sur Mediapart par Jacques Weber ce lundi 1er janvier. L'acteur-réalisateur a exprimé son regret d'avoir signé une tribune à la défense de Gérard Depardieu, accusé de violences sexuelles. "Sans doute trop touché par des amalgames, des empilements de jugements à la hâte, j'ai mal lu et signé cette pétition emphatique et sans discernement initiée par des gens malhonnêtes et dangereux et qui ignore gravement le vrai débat", écrit-il sur le site d'investigation.
"Je mesure chaque jour mon aveuglement. J'ai par réflexe d'amitié signé à la hâte, sans me renseigner, oui j'ai signé en oubliant les victimes et le sort de milliers de femmes dans le monde qui souffrent d'un état de fait trop longtemps admis", poursuit Jacques Weber. "L'écartèlement entre les devoirs de l'amitié et ceux de l'homme, du père et du citoyen aurait pu encore m'aveugler si je n'avais vu de mes propres yeux, vu et entendu ces derniers jours une femme exprimer une violence, une émotion, un déchirement, un désespoir que je ne mesurais pas. J'ai saisi ce que pouvait signifier la douleur qui ne se refermera jamais." "Ma signature était un autre viol. Je me sens totalement solidaire du combat de toutes ces femmes, mais je ne veux plus participer à des condamnations médiatiques, publiques, mal maîtrisées, et Gérard Depardieu ne doit pas devenir le symbole de ce qu'il faut combattre. Les plaintes déposées doivent être jugées" a tout de même précisé l'artiste, faisant écho à la tribune.
Publiée le 25 décembre sur le site du "Figaro", cette tribune intitulée "N'effacez pas Gérard Depardieu", a été rédigée par Yannis Ezziadi, un comédien proche de Sarah Knafo, conseillère d'Eric Zemmour, et intervenant dans le magazine d'extrême droite "Causeur". Une cinquantaine de personnalités de la culture, parmi lesquelles Jacques Weber, Carla Bruni ou encore Victoria Abril, ont cosigné cette tribune qui dénonce un "lynchage" médiatique contre Gérard Depardieu. Visé par trois plaintes pour viols et accusé par plus d'une dizaine de femmes de violences sexuelles, l'acteur de 74 ans est au coeur des débats sur les violences faites aux femmes après la diffusion d'un "Complément d'enquête" consacré à ces accusations.
À l'image de Jacques Weber, plusieurs signataires se sont désolidarisés de la tribune, comme Carole Bouquet, Nadine Trintignant, Gérard Darmon, ou encore Yvan Attal. Sur X (Twitter), Pierre Richard, qui avait été écarté de son rôle d'ambassadeur de l'association de défense des enfants "Papillons", a également exprimé son regret. "Malheureusement, ce texte ne reflète pas le soutien que je porte à toutes les victimes d'agressions sexuelles", a écrit l'acteur, qui a à plusieurs reprises joué aux côtés de Gérard Depardieu dans les comédies de Jacques Weber. "Par ailleurs, j'ai signé sans connaître la mouvance idéologique dans laquelle évolue la plume de la pétition", a-t-il ajouté, se disant "bouleversé". "Si l'on a été coupable d'accepter des comportements désormais inacceptables sur les plateaux de cinéma et de théâtre, alors oui je fus coupable. Malgré l'amour ou l'admiration que ses amis, sa famille et la famille du cinéma lui portent, nous ne devons pas empêcher la vérité d'éclore, et nous ne devons pas user de notre pouvoir pour empêcher les consciences de s'ouvrir, pour le bien et la paix de toutes et tous", conclut Jacques Weber.