Une "violation de la liberté de la presse". C'est ainsi que "Paris-Match" a qualifié dans un communiqué publié cet après-midi l'arrestation et le placement en garde à vue ce jeudi 3 juin de l'un de ses journalistes. Selon le récit du journal, le reporter a été interpellé "à son domicile ce matin à 6 heures par un groupe de policiers sous la conduite d'un juge d'instruction". "Après une perquisition, il a été placé en garde à vue", a précisé "Paris-Match", expliquant que cette procédure faisait suite à la parution par ce même journaliste d'une interview de Ziad Takieddin en novembre 2020.
"Cette arrestation, contraire à tous les principes démocratiques, s'inscrit dans le cadre d'une enquête visant d'éventuels délits de 'subornation de témoin' et 'association de malfaiteurs en vue de commettre une escroquerie en bande organisée'", a relaté le communiqué signé par Constance Benqué, la directrice de la publication de l'hebdomadaire.
Dénonçant "une forme d'intimidation", celle-ci a déploré dans son texte la "disproportion des qualifications pénales retenues". "'Paris Match' s'indigne d'une telle atteinte au libre exercice de la profession de journaliste, à la liberté de la presse et au devoir d'informer et affirme qu'aucune infraction pénale ne saurait être reprochée à son journaliste ni à quiconque au sein de la rédaction", a-t-elle tenu à préciser.
Avant de conclure : "Jugeant inadmissibles les conditions dans lesquelles un de nos journalistes est retenu contre son gré pour être interrogé sur des faits tenant à son exercice professionnel, en violation de ses droits et de la liberté de la presse, 'Paris Match' mettra en oeuvre toutes les procédures à sa disposition pour faire respecter la liberté fondamentale de l'information, pour laquelle notre magazine se bat depuis plus de 70 ans".
Quelques minutes avant la parution de ce communiqué, "Mediapart" annonçait déjà le placement en garde à vue du journaliste de "Paris-Match", - révélant son nom : François Delabarre -, ainsi que celui de Michèle Marchand, patronne de la société Bestimage, "qui aurait été 'en charge de la publication de l'article (de 'Paris-Match', ndlr)'", écrit "Mediapart", précisant que la communicante leur avait indiqué avant son interpellation n'avoir "rien à voir dans cette histoire".
Dans son entretien à "Paris-Match" et dans une vidéo diffusée le même jour par BFMTV, Ziad Takieddine, principal accusateur de Nicolas Sarkozy dans l'affaire des financements libyens présumés de la campagne présidentielle de 2007, avait finalement dédouané l'ancien chef de l'Etat. Dans ce dossier, Nicolas Sarkozy est toujours mis en examen pour corruption, recel de détournements de fonds publics, financement illicite de campagne électorale et association de malfaiteurs.