"Beurk !". C'est par cette onomatopée synonyme de dégoût que "Le Parisien" synthétise son avis, très tranché, sur "À bras ouverts", la nouvelle comédie réalisée par Philippe de Chauveron ("Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu ?"). Dans ce long-métrage, Christian Clavier incarne Jean-Étienne Fougerole, un intellectuel de gauche qui appelle les personnes les plus aisées à accueillir "à bras ouverts" les familles nécessiteuses. Lors d'un débat télévisé, il est contraint d'appliquer à lui-même ce geste de solidarité. Le soir-même, une famille de Roms emmenée par Babik (Ary Abittan) débarque dans sa luxueuse demeure...
Ce qui ne plaît pas au "Parisien", c'est l'aspect "ultra-caricatural" de la famille de Roms, qui empile les pires clichés sur la communauté. "Ils sont sales, crachent, ont des chicots à la place des dents" s'offusque le quotidien qui remarque que "plus le film avance, plus Babik devient violent et sa famille envahissante". La journaliste du "Parisien" relève également un extrait de dialogue édifiant dans lequel le personnage incarné par Christian Clavier ordonne aux Roms d'arrêter de mendier et de voler. "Et on fait quoi, alors ?" lui répond Babik, sous-entendant que la communauté ne sait rien faire d'autre.
"Avec de la tendresse et de l'empathie, le film aurait peut-être évité le racisme" observe le quotidien, regrettant que "Babik et sa famille (soient) de plus en plus répugnants, antipathiques, même effrayants". "Brosser une image aussi détestable d'une communauté déjà largement stigmatisée s'avère d'autant plus choquant que le propos est porté par un réalisateur très populaire" tacle ensuite "Le Parisien", écoeuré par "cette comédie qui n'a vraiment rien de drôle".
Dans ses colonnes, le quotidien décide également de donner la parole à Spartacus Ursu, un Roumain installé en France depuis sept ans. Le jeune homme de 19 ans regrette que "le film empile les clichés", assurant que "beaucoup de ce qu'il montre est faux" et déplorant que "À bras ouverts" s'amuse de situations que les Roms subissent. Lapidaire, il ajoute : "Nous sommes déjà rejetés par la société. Il ne manquait plus pour nous détruire qu'un film qui nous présente comme des sauvages".
Interrogés par la journaliste du "Parisien", Philippe de Chauveron et le scénariste du film, Guy Laurent, se disent "blessés" par ces accusations. Le réalisateur rappelle notamment que lors des projections-tests, 1% des spectateurs anonymes le trouvaient "raciste". "On est dans la caricature car c'est avec les défauts des personnages qu'on fait rire" se défend Philippe de Chauveron. Quant à la concomitance de la sortie du film avec la présidentielle, le réalisateur se désole d'être accusé de "vouloir faire monter le FN", assurant qu'il ne "fait pas des films contre ou pour le FN" mais juste "pour faire rire les gens".