Le CSA donne raison aux youtubeurs. Le 20 juin dernier, dans "Audrey & Co" sur LCI, Monia Kashmire a consacré sa chronique au "tourisme noir", c'est-à-dire le tourisme dans des lieux où se sont déroulés des atrocités ou des catastrophes. Pour illustrer son sujet, la chroniqueuse a cité deux youtubeurs, Mamytwink* et Le Grand JD, qui ont réalisé des vidéos près de Tchernobyl, pour le premier, et à Fukushima, pour le vidéaste suisse.
"La grande tendance est de visiter des lieux où il y a eu des catastrophes nucléaires. Depuis la série 'Chernobyl', l'office du tourisme ukrainien a déclaré que le tourisme à Prypiat, proche de Tchernobyl, a augmenté de 40%. Il existe pour ce 'tourisme noir' des vlogueurs spécialisés, qui vont visiter pour vous", a débuté Monia Kashmire. Et de lancer : "Je vous invite à découvrir ce blogueur. Il est français. Il s'appelle Mamytwink et il nous donne ses bons plans vacances dans la fameuse ville fantôme de Prypiat (...) On regarde cette vidéo, c'est assez hallucinant."
Après avoir diffusé un extrait d'une vidéo du youtubeur, la chroniqueuse d'Audrey Crespo-Mara a ensuite pointé du doigt un autre vidéaste : "C'est la grande tendance depuis la série 'Chernobyl'. Mais le grand classique pour visiter les catastrophes nucléaires, ça reste Fukushima. Là, je vous invite à découvrir le blogueur français encore, Le Grand JD (il est suisse, ndlr). Il nous montre comment faire un road-trip avec ses amis à Fukushima". "Ca laisse un peu sans voix. Heureusement que certaines personnes les remettent en question", a-t-elle conclu. puremedias.com vous propose de visionner la séquence.
Après la diffusion de cette chronique, les deux youtubeurs ont fait part de leur mécontentement concernant ce sujet, estimant que Monia Kashmire avait "détourné les propos" de la vidéo. "Ce qui est de mauvais goût, c'est d'utiliser les images de notre documentaire, qui a pour but de parler de l'histoire de la catastrophe et de témoigner de l'état de la zone d'exclusion 33 ans plus tard (...) C'est malhonnête", avait réagit le 20 juin Mamytwink sur Twitter. Dans une vidéo sur sa chaîne, le vidéaste a expliqué le 30 juillet dernier avoir échangé avec "un responsable de TF1" pour lui demander d'avoir un droit de réponse. Ce qu'il n'a pas pu avoir.
Ce mardi, saisi par des internautes, le Conseil supérieur de l'audiovisuel a rendu sa décision concernant la séquence sur LCI. "S'agissant de l'honnêteté et de la rigueur dans la présentation et le traitement de l'information, le CSA a relevé que la chronique comprenait des propos laissant entendre que Mamytwink était adepte du 'tourisme noir' et que l'oeuvre faisait la promotion de cette pratique", est-il écrit dans la décision. Et de préciser : "Or, ni l'extrait diffusé au cours de l'émission, ni le documentaire dans son ensemble ne visaient cet objectif."
Par conséquent, le CSA a considéré que "l'éditeur avait manqué à ses obligations d'assurer l'honnêteté de l'information, de faire preuve de rigueur dans la présentation et le traitement de l'information, et de veiller à l'adéquation entre le contexte dans lequel les images ont été recueillies et le sujet qu'elles viennent illustrer". Ainsi, le conseil a mis en garde les responsables de LCI.
*vidéaste appartenant au groupe Webedia, société éditrice de puremedias.com.