Ils voyaient en lui "l'intello qui secoue la droite" ou encore "l'homme qui réveille la droite". Durant la campagne pour les Européennes, plusieurs hebdomadaires associés à la droite n'ont pas caché leur enthousiasme pour François-Xavier Bellamy, le candidat LR. Une petite "Bellamy-mania" dans les médias avait plus globalement été observée lorsque la tête du liste du parti droitier était donnée en meilleure forme dans les sondages. Mais, ce dimanche, l'adjoint au maire de Versailles, a offert à LR une cinglante défaite en ne remportant que 8,48% des suffrages, loin derrière LREM, le RN et EELV. Un score qui a d'ailleurs déclenché une crise au sein du parti fondé par Nicolas Sarkozy.
Dans un long article, le journal "Libération" revient sur l'enthousiasme suscité par le professeur de philosophie auprès de ce qu'il appelle "la presse Trocadero" (référence au discours au Trocadéro de François Fillon en 2017, ndlr). "Libé" rappelle que "Valeurs actuelles" avait qualifié le candidat "d'élixir", écrivant en mars dernier et alors que le Versaillais était en Une : "Ses adversaires jubilaient à l'idée que la candidature du philosophe tourne à la catastrophe. Il se révèle comme celui qui relève sa famille".
Interrogé par "Libération", Geoffroy Lejeune, patron de la rédaction de l'hebdomadaire, assure n'avoir "pas de regret". "Je n'ai pas l'impression que l'on ait trompé notre lectorat. À un moment, sa campagne a connu un frémissement. Mis à part certaines chroniques et tribunes, il y a eu un traitement factuel et positif de la part de la rédaction", se justifie-t-il, louant "la fraicheur" d'un candidat qui n'était "pas dans la langue de bois". Geoffroy Lejeune se dit par ailleurs "très surpris" par les résultats de l'élection. "Depuis trois ans, nous pensons que nous sommes hégémoniques sur le plan culturel. Ce n'est pas vrai. Macron sait très bien parler à la droite en lui envoyant des signaux. C'est un génie de la triangulation", commente-t-il.
Du côté du "Figaro Magazine", Alexis Brézet, directeur des rédactions, commente : "Il n'est pas invraisemblable que 'Le Figaro' ait une préférence pour le candidat de la droite classique...Nous n'avons pas été les seuls à ne pas voir que François-Xavier Bellamy finirait à 8%. Tout le monde s'est trompé". Au "Point", qui a titré "L'homme qui réveille la droite" en mars, Etienne Gernelle, patron de l'hebdomadaire, n'estime pas non plus s'être trompé. "Il y avait un petit engouement à droite, un intérêt pour le personnage, ce qui est assez étonnant. C'est normal de le faire !", commente-t-il. "Les Unes d'un magazine n'ont rien à voir avec un album Panini. Ce ne sont pas des affiches de soutien. La presse est curieuse de ce qui est nouveau, c'est notre boulot. Pas de faire des paris, on n'est pas des bookmakers. Qu'un candidat se vautre ou pas, il peut être intéressant à raconter", conclut-il tout en reconnaissant n'avoir "pas assez parlé" de Yannick Jadot (tête de liste EELV qui a rassemblé plus de 13% des voix, ndlr).