"Zemmour et Naulleau" bientôt en quarantaine ? Lundi, la marque Ferrero, qui fabrique le Nutella, a annoncé sa décision de ne plus communiquer pendant l'émission, qui a fait son retour sur Paris Première le 2 octobre dernier. "Nous avons demandé à Paris Première d'exclure ce programme de notre liste de diffusion" avait écrit Ferrero sur Twitter, en réponse à la branche française du collectif Sleeping Giants. Pour rappel, ces cyber-activistes sont spécialisés dans l'assèchement financier de sites d'extrême-droite. Leur spécialité est de repérer et interpeler les annonceurs dont les publicités apparaissent sur ces sites.
Depuis la prise de position de Ferrero, la liste des annonceurs ne souhaitant plus communiquer dans l'émission de Paris Première s'est allongée. Contacté par "Le Parisien", le groupe d'assurance MAIF, qui avait été interpellé par Sleeping Giants, indique avoir "exclu le programme de (ses) futurs investissements" sur Paris Première, tout en maintenant ses "achats programmés, effectués bien avant les événements récents". Toujours dans "Le Parisien", Groupama et Monabanq annoncent à leur tour qu'elles ne communiqueront plus pendant l'émission de Paris Première. Sur Twitter, Sleeping Giants assure que la MAAF a également décidé de ne plus diffuser de spots dans les écrans jouxtant "Zemmour et Naulleau".
Pour rappel, cette situation de boycott intervient alors qu'Eric Zemmour, condamné en septembre pour provocation à la haine religieuse, est au coeur d'une énième polémique suite à son discours islamophobe tenu lors de la "Convention de la droite", un rassemblement organisé par des proches de Marion Maréchal. Ses propos ont déclenché l'ouverture d'une enquête du parquet de Paris pour "injures publiques en raison de l'origine ou de l'appartenance ou de la non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée" et "provocation publique à la discrimination, la haine ou la violence". Un contexte qui a valu au polémiste un rappel à l'ordre du "Figaro" et de Paris Première, et a convaincu RTL, radio sur laquelle il intervenait depuis 2010, de l'écarter.
À quelques heures de la diffusion du deuxième numéro de "Zemmour et Naulleau" sur Paris Première, ce sont donc déjà cinq annonceurs qui ont fait défection. Reste à voir si la situation s'étirera dans la durée. Pour rappel, "Zemmour et Naulleau" est une émission diffusée depuis septembre 2011 sur la chaîne payante du groupe M6. Produite par Troisième Œil Productions ("C à vous") et animée par Anaïs Bouton, l'émission dans laquelle Eric Zemmour et Eric Naulleau débattent chaque semaine, est un vecteur d'audience important pour la chaîne. La saison dernière, l'émission, diffusée en prime-time le mercredi soir, rassemblait une moyenne de 100.000 téléspectateurs (0,5% de PDA), selon Médiamétrie, en audience veille.
"Zemmour et Naulleau" n'est pas la première émission à faire l'objet d'un boycott. En 2017, après un canular jugé homophobe, "Touche pas à mon poste", l'émission de Cyril Hanouna sur C8, avait fait l'objet d'un boycott de la part d'annonceurs pendant plusieurs semaines. Quelques mois plus tôt, des annonceurs avaient refusé de communiquer durant l'émission "Morandini Live !" sur iTELE. Dans les deux cas, les annonceurs avaient été préalablement pris à partie sur les réseaux sociaux, notamment via Twitter, et appelés à se positionner. Ce qui n'a pas empêché ces deux émissions de perdurer.