Depuis le 10 janvier, Jean-Jacques Bourdin est visé par une plainte pour "agression sexuelle". Le nom de l'accusatrice n'avait, pour l'heure, pas été révélé. C'est désormais chose faite. Dans un article de "Mediapart", intitulé "Jean-Jacques Bourdin, la face sombre de la star de RMC", Fanny Agostini, ancienne présentatrice de la météo sur BFMTV, a dévoilé hier être à l'origine de cette procédure et a détaillé ce qu'elle reproche au septuagénaire, aujourd'hui suspendu "temporairement" d'antenne par sa direction. Sa plainte a déclenché, pour rappel, l'ouverture d'une enquête préliminaire par le parquet de Paris mais aussi une enquête interne à RMC et BFMTV.
À "Mediapart", Fanny Agostini raconte, en préambule, ses débuts à RMC en 2009. Jeune journaliste de 20 ans, elle est, à l'époque, engagée pour présenter la météo et l'info trafic. Selon ses mots, Jean-Jacques Bourdin l'aurait immédiatement "prise en grippe". Le jour de son premier bulletin météo, se souvient-elle, "juste avant de prendre l'antenne, il m'a arraché la feuille en disant qu'il n'y avait pas de notes chez lui". "Évidemment, je n'avais pas appris le bulletin par coeur, j'étais complètement démunie, je me suis mise à bredouiller et inventer des températures. Quand la pub est arrivée, il a crié dans la rédaction : 'Elle est nulle ! Je ne veux plus d'elle chez moi !' Je suis partie pleurer dans une petite cabine", détaille la journaliste.
Après cet épisode, la présentatrice n'officiera plus en studio et finira par recroiser Jean-Jacques Bourdin hors des plateaux. En octobre 2013, le PDG de NextRadioTV (aujourd'hui Altice Media) de l'époque, Alain Weill, lui aurait, en effet, demandé de participer, aux côtés de l'intervieweur, à l'Open de pétanque. "C'était une demande de mon big boss, je ne pouvais pas refuser", explique-t-elle, préférant toutefois partir avec son frère, lui aussi membre du groupe. Après un déjeuner, proposé par Jean-Jacques Bourdin pour "faire la paix" peu avant l'événement, le matinalier de RMC de l'époque se serait "rapproché" de Fanny Agostini une fois sur place.
À l'aube du 5 octobre 2013, Fanny Agostini nage alors dans la piscine de l'hôtel où ils sont hébergés. Elle aurait été rejointe quelques instants plus tard par Jean-Jacques Bourdin. "Il s'est mis à nager parallèlement à moi, tout en commençant à me faire des compliments, me dire que j'avais changé, qu'il ne me voyait pas comme ça. J'étais hyper mal à l'aise, l'estomac serré." "Très rapidement", l'animateur se serait alors rapproché, l'aurait "attrapée par le cou, sur le côté", et l'aurait "attirée vers lui brusquement" en essayant de l'embrasser "à plusieurs reprises". Elle raconte avoir été "complètement prise de cours", n'avoir "pas crié", mais s'être "débattue" et être parvenue à sortir de l'eau. "J'obtiens toujours ce que je veux", lui aurait alors lancé Jean-Jacques Bourdin. Elle confie, qu'à l'époque, elle a parlé de cette scène à seulement quelques proches, dont un ami qui travaille au sein du groupe.
La saison suivante, Fanny Agostini présente la météo en matinale sur BFMTV et se retrouve, par conséquent, à l'antenne quelques minutes avant le début de l'interview menée par Jean-Jacques Bourdin. "J'étais perturbée tous les matins, par la façon dont il me regardait, le même regard qu'à Calvi. Je faisais mes bulletins en apnée, à 8h28 j'étais paralysée. J'avais peur aussi de le croiser seule dans les couloirs ou les loges".
Fanny Agostini affirme ensuite, rapporte "Mediapart", que l'animateur lui a adressé, au milieu d'échanges professionnels, de nombreux messages à connotation sexuelle entre septembre 2014 et le printemps 2015. C'est à ce moment-là qu'elle décide de quitter la matinale de BFMTV pour basculer sur des horaires de journée. Elle quittera BFMTV pour France 3 en 2017 pour présenter une nouvelle mouture de "Thalassa". Depuis décembre 2020, elle incarne "Génération Ushuaïa" le samedi matin sur TF1.
Ce matin, au lendemain de la révélation de son nom dans ce dossier, Fanny Agostini a confié, sur Twitter, qu'aujourd'hui, elle "n'a plus peur". "Pour donner une réponse aux demandes d'interviews que je reçois, j'ai déjà tout confié à 'Mediapart'. Je rajoute seulement qu'aujourd'hui, je n'ai plus peur, que je ne suis pas seule. J'invite toutes les femmes qui souffrent et ont souffert en silence à se libérer enfin. Merci infiniment pr tous vos messages".
Présumé innocent, Jean-Jacques Bourdin n'a pas souhaité répondre aux questions de "Mediapart".