Ca risque de chauffer pour France 2. Le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel a rendu aujourd'hui sa délibération concernant les éditions spéciales autour de l'attentat de Nice survenu le soir du 14 juillet. Le CSA avait notamment été saisi par 41 parlementaires après la diffusion sur la Deux, le soir des événements, d'une interview "d'un homme assis au pied du corps sans vie de sa femme, après avoir appris la mort de son fils". Dans leur missive, les élus avaient appelé à "une mise en demeure" de la chaîne publique. La révélation de l'identité du terroriste, par TF1 cette fois, avait elle aussi été pointée du doigt par les parlementaires.
Un peu moins de 15 jours après les faits, le CSA a donc rendu sa décision. Malgré les excuses publiques de France 2 dès le lendemain de l'attentat, l'autorité administrative indépendante annonce aujourd'hui dans un communiqué son intention de "saisir le rapporteur indépendant placé auprès du Conseil". Prévue par la loi du 15 novembre 2013, cette procédure spéciale est engagée contre France 2 car la chaîne est déjà sous le coup d'une précédente mise en demeure, infligée à l'occasion de "l'affaire Soizic Corne", en novembre 2014. A cette occasion, la Deux avait été sanctionné pour avoir manqué au principe de respect de la dignité de la personne, précisément ce dont elle est accusée pour la séquence tournée le soir de l'attentat à Nice.
Cette précédente mise en demeure sur le même fondement oblige ainsi le CSA à saisir le rapporteur indépendant. Libre ensuite à l'institution d'Olivier Schrameck de suivre ou non ses recommandations. Ce qui est sûr, c'est que la saisine du rapporteur témoigne de la volonté du CSA de sanctionner la chaîne publique. La sanction qui lui sera infligée à l'issue de la procédure pourra alors difficilement être inférieure à une nouvelle mise en demeure.
Après 150 heures de visionnage et d'écoute, France 2 est la seule chaîne a être rappelée à l'ordre par le CSA : "Les membres du Conseil, s'ils ont été très sensibles aux réactions suscitées par les comptes rendus et marquent leur préoccupation quant à la diffusion contestable de certains témoignages, s'en rapportent au droit existant pour constater qu'aucun manquement caractérisé aux obligations légales, réglementaires et conventionnelles n'a été relevé", précise l'autorité administrative indépendante dans son communiqué.
Toutefois, les images diffusées le soir de l'attentat restent encore dans le viseur du Conseil supérieur de l'audiovisuel. "Les sujets dont il a été saisi par voie de pétition, portant notamment sur les conditions de révélation de l'identité de terroristes et de diffusion d'images les représentant, seront abordés lors de l'élaboration sous sa responsabilité du 'code de bonne conduite relatif à la couverture audiovisuelle des actes terroristes'", précise le communiqué du CSA.
Et d'ajouter : "Son élaboration, aussi rapide que possible, nécessite une concertation avec les médias audiovisuels". Suite à l'attentat survenu hier dans l'église de Saint-Etienne-du-Rouvray près de Rouen, la chaîne d'info en continu BFMTV et le journal "Le Monde" ont d'ores et déjà décidé qu'ils ne diffuseraient plus l'identité des auteurs d'attentats, un sujet récurrent au sein des rédactions françaises.