La station s'explique. Vendredi, le site de "Marianne" publie un article intitulé "Beur FM sanctionne deux animateurs après une rencontre avec l'ambassadeur d'Israël". Dans cette enquête, Rose Ameziane et Malik Yettou, voix de "L'Actu autrement", ont raconté avoir été sanctionnés fin décembre pour avoir préparé une émission sur l'accord de normalisation entre le Maroc et Israël. Les deux animateurs s'étaient alors rendus à l'ambassade d'Israël et une photo d'eux avait ensuite circulé sur les réseaux sociaux, à l'initiative de l'ambassadeur israélien.
Selon l'hebdomadaire de Natacha Polony, les deux animateurs ont par la suite reçu un message de la direction leur expliquant que leur émission "ne sera pas reconduite à la rentrée", "et ce pas avant un bon débrief de (leur) ligne éditoriale". "La direction a cédé aux pressions de cette minorité agissante sur les réseaux sociaux qui se revendique antisioniste mais qui, en réalité, est antisémite", a confié Malik Yettou. "Nous ne voulons pas jeter l'anathème sur des salariés ou des animateurs qui font du bon travail mais sur une partie de la direction qui mène une ligne éditoriale pour le moins contestable", a ajouté pour sa part Rose Ameziane.
Mi-janvier, l'émission "L'Actu autrement" est revenue à l'antenne mais à une nouvelle case dans la grille de Beur FM. Elle a été déplacée du vendredi à 17h au samedi matin. "On a compris qu'on gênait. Parce qu'on refuse de pratiquer l'entre-soi. Pourquoi devrait-on être unis, en fonction de nos origines, par le même mode de pensée ?", a lancé Rose Ameziane.
Ce lundi, Beur FM a réagi à cette polémique via un communiqué. Tout d'abord, la radio fait savoir qu'elle n'avait "jamais sanctionné" les deux animateurs et qu'elle leur avait indiqué "qu'en raison de l'importance historique et politique que revêtait cet événement (l'accord de normalisation entre le Maroc et Israël, ndlr), ce sujet serait traité par l'un des journalistes de la radio plutôt que par des animateurs", "dans le respect de la ligne éditoriale et des procédures de Beur FM". "Il n'a jamais été question de censurer cette information sur l'antenne de la station", souligne la radio. "Sans en informer leur direction", les deux voix se sont rendus à l'ambassade d'Israël "en se prévalant de représenter Beur FM", "qui n'a jamais validé cette initiative personnelle au préalable", précise-t-elle.
Concernant le changement de case de "L'Actu autrement", Beur FM explique que cela "résultait exclusivement d'une gestion logique de la grille des programmes", "la mission d'une radio étant de répondre aux attentes de ses auditeurs et non pas aux desideratas ou aux contraintes de ses animateurs". "Cet amalgame entre deux faits sans rapport direct a été relayé (...) sur fond d'allégation d'antisémitisme. Cette campagne de désinformation est absolument intolérable et Beur FM se réserve le droit de poursuivre en justice toute personne qui viendrait à relayer ces assertions mensongères", avertit la radio.