Le CRAN exigeait des excuses après un sketch de Nicolas Canteloup sur le génocide au Rwanda. Il ne les obtiendra pas. Ce matin, l'imitateur est revenu sur sa prestation de l'avant-veille qui avait indigné le Conseil représentatif des associations noires. Prenant la voix de Nikos, Nicolas Canteloup a déclaré : "Un génocide n'est jamais drôle, bien sûr. Nous tentons juste de faire sourire avec une réalité justement parce qu'elle est tragique donc insupportable. Nous sommes fidèles à la devise de Beaumarchais : 'Je me presse de rire de tout de peur d'être obligé d'en pleurer' (...) C'était une précision inutile pour vous dans le studio et nos fidèles auditeurs qui ont les codes de notre humour. Il est là pour panser les plaies, pas les réouvrir".
Puis Nicolas Canteloup a ironisé à de nombreuses reprises pendant cette "Revue de presque" sur cette "nouvelle règle de l'humour" en 2014 : "On fait une vanne, on doit s'excuser ! Une vanne, une excuse ! Une vanne, une excuse ! Dès que ça gueule, dès qu'un autoproclamé prof d'humour vous met un carton jaune, faut s'excuser ! Avec Coluche et Desproges, il y en a deux-trois qui auraient bouffé leur carton jaune".
Imitant Julien Courbet avant-hier, Nicolas Canteloup s'adresse à un certain M. Hutu qui avait un "conflit de voisinage" (la spécialité de l'animateur de RTL) avec M. Tutsi. "Vous avez découpé, macheté et carpaccioté sa famille, alors qu'apparemment il n'en avait pas exprimé le désir (...) Vous lui auriez également découpé les bras bien dégagés au dessus des coudes, il a d'ailleurs eu le plus grand mal à vous écrire, du coup, avec les conséquences désagréables qu'on imagine, perte d'une montre de famille, impossibilité désormais de faire du stop".
Un sketch jugé "ignoble" par le CRAN, indigné de voir qu'il n'a suscité "aucune réaction" en studio. "Quand il s'agit des Noirs, à l'évidence, on peut tout se permettre, dénonce Louis-Georges Tin, président du CRAN. Mais il est temps que cela cesse. Ce soi-disant humour masque mal une forme extrême de mépris et d'abjection. Devant le crime contre l'humanité, esclavage, Shoah, Rwanda, on ne rit pas, on fait silence".
Le CRAN a saisi le CSA, une rencontre est prévue le 14 février prochain. Objectif : obtenir la rédaction d'un "code de déontologie" concernant la représentation des crimes contre l'humanité. "Depuis quelques mois, de nombreux sketches indignes ont pollué le paysage audiovisuel (un sketch sur Canal+, NDLR), et ce mouvement de banalisation du mal ne cesse de s'amplifier, ce qui est extrêmement préoccupant".