Interview
Cauet : "Je ne voulais pas dénaturer 'L'oeuf ou la poule'"
Publié le 28 novembre 2016 à 16:15
Par Benjamin Meffre
puremedias.com a rencontré le nouvel animateur de "L'oeuf ou la poule", dont un nouveau numéro sera diffusé ce soir sur C8.
Sebastien Cauet anime "L'oeuf ou la poule" sur C8 Sebastien Cauet anime "L'oeuf ou la poule" sur C8© C8
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Cauet est de retour en prime à la télévision. L'ancien animateur de TF1, désormais chroniqueur dans "Touche pas à mon poste" sur C8, prend ainsi les commandes ce soir de "L'oeuf ou la poule", le divertissement produit par H2O. Après Cyril Hanouna, Camille Combal et Estelle Denis, il est ainsi le quatrième animateur de ce programme, tombé au plus bas en matière d'audience lors de sa dernière diffusion. Un pari audacieux donc, que Sébastien Cauet a accepté d'évoquer avec puremedias.com. L'occasion de revenir également sur son intégration dans "Touche pas à mon poste" et sa situation actuelle à la radio.

Propos recueillis par Benjamin Meffre.

puremedias.com : Cyril Hanouna a animé 10 numéros de "L'Oeuf ou la poule", Camille Combal 6, et Estelle Denis 2. Combien espérez-vous en faire ?
Cauet :
Dit comme ça, on dirait que je ne vais en faire qu'une ! (rires) J'ai déjà tourné deux numéros de "L'oeuf ou la poule". L'idée serait, peut-être, d'en refaire deux. Mais c'est évidemment beaucoup trop tôt pour le dire. On verra. En tout cas, c'était un bonheur de faire ces émissions. J'ai pris un plaisir énorme.

"Ca sera du Cauet familial"

Quelle va être votre patte sur ce programme ?
C'est toujours compliqué. Je ne voulais pas être celui qui dit : "Je vais vous montrer ce que je sais faire. On va faire ce que je veux". Je ne voulais pas dénaturer le programme. C'est une reprise du jeu. Dans un premier temps, il faut d'abord que le public revienne et redécouvre - ou découvre - "L'oeuf ou la poule". Et puis ensuite, on pourra peut-être songer à le faire évoluer avec plus de happenings, et peut-être plus coller le jeu sur moi. Sur les deux premières, j'ai pensé qu'il fallait rester humble et se mettre au service du jeu. Mais évidemment, si la question est : est-ce que ce sera du Cauet ? Oui, évidemment. Mais ça sera du Cauet familial. Tout le monde peut regarder l'émission et jouer en famille. Quand je suis sorti du plateau, j'étais fier de les avoir faites comme ça.

"L'oeuf ou la poule" a vu ses audiences décliner depuis plusieurs numéros, n'est-ce pas un cadeau empoisonné qu'on vous fait ?
C'est marrant, vous êtes le cinquième à me poser cette question (rires). Très honnêtement, je ne pense pas que ce soit un cadeau empoisonné. J'ai pris un plaisir à faire cette émission que je trouve très drôle. A tel point que je me suis dit à un moment, qu'il y aurait moyen, un jour d'imaginer un projet en hebdo, en la retravaillant différemment évidemment. Cette émission est encore pleine de potentiel. Après, par "cadeau empoisonné", est-ce que la question est : "Est-ce qu'on arrivera à remonter l'audience ?". La réponse, je vous la donnerai mardi matin. Enfin, c'est surtout vous qui le direz ! (rires) Moi, ce qui m'intéresse avant tout, c'est que les gens qui voient l'émission ne soient pas déçus et prennent du plaisir à la regarder. Après, concernant les audiences, nous sommes désormais dépendants de tellement de facteurs aujourd'hui...

Vous songez sérieusement à une déclinaison hebdo ?
Non, c'est juste que j'aime toujours aller plus loin. Je me disais : si ça plaît aux gens, ça peut être marrant de le faire, si la chaîne a besoin d'une version hebdo quelques semaines. J'en ai parlé avec Cyril. Ca le faisait marrer aussi. Il y a peu de "Comedy Game" en France. Je trouve que "L'oeuf ou la poule" tient bien la route, qu'il a beaucoup de matière, et qu'il peut donc être étiré. Mais on a le temps ! C'est toujours bon signe quand on se projette ! Ca veut dire qu'on croit au produit !

"Je n'ai pas de problème de notoriété"

Revenir en prime à la télé, ça procure de la joie, de l'excitation ?
Non, dans ce métier, on pense souvent que les gens ont un manque quand ils ne sont pas dans le petit écran.

C'est souvent le cas...
Alors moi, pas du tout ! Je vais vous rassurer immédiatement. J'aime bien en faire quand ça se présente et que ça me correspond. Mais je n'ai pas de problème de notoriété. Je ne me dis pas : "Je veux être là pour que l'on me voit". Je considère avoir ma notoriété. Je pense qu'elle est assez forte. Je ne suis pas persuadé d'ailleurs qu'elle puisse aller beaucoup plus haut. Je n'ai pas de souci de conquête, je n'ai donc pas de souci d'ego et donc pas le souci de vouloir absolument faire du prime pour ma carrière. Mais faire un prime sympa comme celui-là, et dans de bonnes conditions comme cela a été le cas, ça, c'est cool par contre !

Comment êtes-vous arrivé au sein de la bande de Cyril Hanouna ?
Oh c'est très simple. J'étais entre deux one man show. Cyril m'a demandé si ça me ferait marrer de reprendre "L'oeuf ou la poule" et de venir leur faire coucou dans "TPMP" une fois par semaine. J'ai dit d'accord. Ca a duré 25 secondes. Ca a été quelque chose de super simple.

Comment vivez-vous cette intégration au sein de TPMP ?
Franchement, je vais vous dire un truc. Au-delà de la déconne, "TPMP" me permet de montrer un autre visage de moi sur des sujets qui me passionnent, comme la télé justement. Il n'y a pas beaucoup d'émissions qui permettent de dire un truc intelligent, ou du moins d'essayer de le dire.

"TPMP" permet de le faire ?
Oui ! Quand par exemple, vous avez un débat comme celui autour des les affiches de prévention récemment, je trouvais ça bien d'élever le débat et de ne pas simplement dire "c'est bien" ou "c'est naze". Moi, ça me concerne parce que je parle beaucoup à des jeunes via les réseaux sociaux. J'avais un angle particulier. Il n'y a pas beaucoup d'émission pour le faire. Je trouve ça génial ces émissions où l'ont peut caser de la déconne et des sujets sérieux.

Vous vous "autoconcurrencez" en étant parfois simultanément sur NRJ et sur "Touche pas à mon poste". N'est-ce pas un peu étrange ?
Oui. C'est d'ailleurs pour ça que je ne le fais qu'une fois par semaine. Mais j'ai connu pire. Quand je faisais "Chéri, t'es le meilleur" sur NRJ 12, c'était tous les jours. Là, c'était compliqué. Une fois par semaine, ce n'est pas un problème.

"Je pense que Cyril respecte le CSA"

Le CSA a ouvert une procédure de sanction contre "TPMP", comprenez vous sa décision ?
Je comprends que le CSA fasse son travail. Ca fait trente ans que je fais de la radio. J'ai parfois été sanctionné. Il ne faut pas oublié que le CSA tranche parfois dans l'autre sens et, face aux plaintes de téléspectateurs, vous donne raison. Je trouve que c'est important d'avoir un régulateur, un juge-arbitre dans notre métier. On est tous à la course au buzz et aux contenus. Sans arbitre, ça serait n'importe quoi. Moi, j'ai toujours beaucoup respecté le CSA. Il y a des fois où je me suis fait taper sur les doigts. J'ai pris note et j'ai continué mon métier en me disant que je ne le referai plus. Il y a des tas de grands sportifs qui ont pris des cartons jaunes. Ce ne sont pas devenus de mauvais sportifs pour autant. Il faut savoir l'accepter et respecter l'institution. Je pense que Cyril la respecte. Après, la seule chose qui est regrettable dans ce métier, c'est quand on isole 25 secondes dans 10 heures d'émission. C'est réducteur et c'est dommage qu'on ne retienne que ça.

Est-ce que "TPMP" n'est pas condamné à "déraper" au sens du CSA puisque c'est dans son ADN de promettre que tout peut se passer dans l'émission ?
Je pense que le CSA est juste dans ce qu'il juge. Il fait la différence entre ce qui dépasse les limites de la loi, et ce qu'on pourrait qualifier de débat autour du bon ou du mauvais goût. Le CSA n'est pas là pour trancher du bon ou du mauvais goût. On est toujours le mauvais goût de quelqu'un.

Les radios musicales ont largement souffert sur la dernière vague d'audience. Les auditeurs vont-ils selon vous délaisser durablement ce genre de radio ?
Ce n'était pas la fête des musicales en effet (rires). Je suis un vieux routard de la radio vous savez. En trente ans, j'ai tout entendu. J'ai entendu : "les musicales sont mortes". Au moment où les gens terminaient leur papier sur ce thème, les musicales n'ont jamais autant marché. Très honnêtement, je pense qu'on a un public multiple. Avant, on écoutait la radio, on tournait le bouton, point final. Aujourd'hui, on a un public plus âgé qui continue à écouter la radio comme avant, et on a un public plus jeune qu'il faut aller séduire, chercher. Ce dernier public vous consomme sur YouTube, sur les réseaux sociaux, sauf qu'on ne mesure que l'écoute radio pour l'instant. Il faudra peut-être qu'on ait une mesure de l'univers un jour, prenant en compte YouTube, Facebook...

"Je pense qu'il n'y aura plus de radio au sens classique d'ici 10 ans"

Ces nouveaux modes de consommation ne doivent-il pas changer davantage la manière de faire de la radio ?
Le mot radio, vous allez l'abandonner d'ici 10 ans. Il n'existera plus. Je pense qu'il n'y aura plus de radio. On fera du contenu qui sera diffusé sur la radio, mais aussi par petits bouts par Facebook et les nouveaux réseaux sociaux qui auront été créés. Il y a 10 à 15 ans, j'avais commencé à mettre des caméras dans les studios de radio. On m'a traité de malade. On m'a dit : "Ca n'intéresse personne la radio filmée. C'est moche !". Et puis ça a cartonné et tout le monde l'a fait. Les gens veulent voir l'image qui va avec.

Bientôt, le souci que vont avoir les radios va être d'être capables de satisfaire cette demande d'image du public, donc d'avoir des choses à montrer. La radio de voix, où on se cache derrière un micro, est morte. Aujourd'hui, il faut en montrer un peu plus. Et bientôt, je pense qu'il faudra faire un autre média. Je pense que la limite entre radio et télé sera beaucoup moins claire. Mais tout comme demain, la télé devra trouver un moyen de faire rester les gens pendant l'écran pub. Il faudra proposer un programme parallèle au public jeune, sur Facebook ou YouTube, en montrant les coulisses de l'émission par exemple. Je pense d'ailleurs que les radios et les télés vont avoir du mal à le faire parce qu'il faut accepter de casser un genre pour en construire un autre.

Vous plaidez pour cette évolution auprès de la direction de NRJ ?
Il y a des patrons à NRJ. Chacun son travail. Moi, je fais ce que je fais. Sur ma chaîne YouTube, on arrive à 1,2 milliard de vidéos vues. Je fais ça depuis quelques années. Il savent ce que j'en pense. Ce qui me plaît à C8 et dans le groupe Canal, c'est que je me dis que c'est un des groupes qui a le plus de potentiel et de modernité pour réfléchir à cette nouvelle façon de faire.

Ce n'est donc pas le groupe NRJ ?
Je n'ai pas dit ça. Mais en télé, je suis sur C8...

Vous auriez pu retourner sur NRJ 12....
J'y suis allé. S'ils ne m'ont rien proposé d'intéressant, c'est que je suis mieux à C8. J'ai toujours été corporate. NRJ 12 avait les cartes en main. S'ils ne les ont pas saisies à un moment donné, d'autres les ont saisies. Ce n'est pas grave.

Vous pensez que la chaîne va être capable de remonter la pente ?
Moi, j'ai discuté de cela avec Jean-Paul Baudecroux que j'apprécie beaucoup. Je lui avais donné quelques solutions sur la télé, on n'en a pas rediscuté depuis. Ce n'est pas mon domaine. Chacun son travail.

"Il faudra peut-être réfléchir demain pour moi à une émission un peu plus tôt"

Toujours leader sur NRJ entre 19h et 22h, vous avez dévissé sur la dernière vague (-73.000). Comment l'analyser vous ?
Sur les musicales, personne n'a sonné de la trompette. Il y a là un phénomène de marché avec des jeunes de moins de 20 ans qui ont été moins présents sur cette vague. Quand vous faites des émissions après 18h, vous êtes encore plus soumis aux moins de 20 ans. Donc, quand ce public est moins présent sur une vague de sondage, la radio musicale subit. C'est pour ça qu'il faudra peut-être réfléchir demain pour moi à une émission un peu plus tôt.

C'est votre projet ?
Je me dis que ça fait sept ans que je fais ce que je fais. On a fait le plus beau. On est arrivé numéro 1 sur cette tranche. On est numéro 1 sur les moins de 60 ans. Je me dis qu'on a peut-être fait le plus beau de ce qu'il y avait à faire. Je me dis qu'il y a peut-être autre chose à faire et que c'est peut-être le moment de réfléchir différemment.

C'est-à-dire?
Je ne sais pas. Je n'ai discuté de rien avec NRJ. C'est ma vision. Mais comme mon contrat s'arrête au mois de juin, je me dis que c'est peut-être le moyen de voir avec eux comment on peut réfléchir ensemble.

"Dans l'idéal, je suis très bien sur NRJ"

Vous voulez rester sur NRJ ?
On m'aime bien ailleurs aussi (rires). Mais j'aime bien NRJ. J'ai une affection particulière pour cette radio.

Donc dans l'idéal, vous resteriez bien sur NRJ ?
Dans l'idéal, je suis très bien sur NRJ. Il faudra juste réfléchir à la manière d'écrire une nouvelle histoire pour avoir un nouveau défi.

C'est quoi ce nouveau défi, vous avez forcément des idées ?
Oui, mais il est trop tôt dans la saison (rires).

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