Christian Clavier s'inquiète pour le cinéma français. Interviewé par "Le journal du dimanche" aujourd'hui, en marge de la sortie prochaine du troisième opus de la saga "Qu'est-ce qu'on a fait au bon dieu ?", le comédien a évoqué la situation compliquée de l'industrie du septième art en France. Concurrencés par les plateformes comme Netflix et Disney+, affaiblis par la crise sanitaire, les cinémas n'ont enregistré que 65 et 96 millions d'entrées au total en 2020 et 2021, contre 201 millions et 213 millions en 2018 et 2019.
"La baisse de fréquentation n'est pas seulement conjoncturelle", estime aujourd'hui Christian Clavier. "Les très grands écrans de télévision sont plus abordables et des familles aménagent désormais une pièce en salle de cinéma", a-t-il ensuite constaté. "Mais n'oublions jamais que le cinéma est un marché d'offre. Ce sont des films qui font venir, ou pas, les spectateurs. 'Batman' et 'Spider-Man' sont très réussis et attirent. Il nous revient de réussir nos propres films et d'abord de nous différencier de la production anglo-saxonne", a recommandé l'acteur aux plus de 120 millions d'entrées cumulées.
Christian Clavier a ensuite alerté sur les problèmes de financement des films engendrés par cette baisse de fréquentation. "Le défi du moment, c'est le financement. Les distributeurs et les exploitants ne gagnent plus autant d'argent qu'il y a quelques années et le font sentir au moment du montage financier d'un projet", a-t-il relaté, tandis que CGR, le deuxième exploitant de salles en France, vient d'annoncer sa prochaine mise en vente. Et de préconiser : "Il faut donc les remplacer par les plateformes, qui ont beaucoup d'argent mais sont presque toutes américaines. Nous gagnerions à mettre sur pied une plateforme française et européenne afin de porter notre culture, notre esprit, notre histoire".
Interrogé ensuite sur l'exclusion des César des productions des plateformes, Christian Clavier en a profité pour critiquer une nouvelle fois la cérémonie française récompensant le meilleur du cinéma. "C'est pour ça que l'intérêt du public décroît. Que l'on récompense aux César et dans les festivals des films plus pointus et moins 'grand public', c'est normal, mais que l'on bascule dans des oeuvres totalement hermétiques pour les gens, ça devient la négation même de notre métier qui, je le répète, consiste à toucher le plus grand nombre".
En 2018, Christian Clavier avait déjà taclé l'"audimat pathétique" des César, estimant que quelque chose "ne fonctionne pas" avec cette cérémonie.