A la veille du lancement de la nouvelle formule, Christophe Barbier détaille pour puremedias.com les changements apportés à "L'Express". Lisibilité, qualité et légèreté en sont les maîtres mots.
Propos recueillis par Benjamin Meffre.
Pourquoi lancer une nouvelle formule de "L'Express" maintenant, quelle est votre ambition?
Nous traversons actuellement une révolution du monde de l'information. L'identité des hebdomadaires doit changer. Ils ne peuvent plus se contenter d'être le résumé de l'actualité de la semaine. D'autres médias font cela avant et mieux que nous. Avec internet et les chaînes d'information, les gens sont déjà très informés. Il faut donc que les news magazines trient et hiérarchisent davantage l'information. L'ambition est d'être en amont. En amont des grands rendez-vous d'actualité en les anticipant. En amont de l'information en la créant grâce à des scoops. Les lecteurs ont envie de scoops. On a pu le voir dans l'actualité récente.
Tout cela n'était-il pas déjà l'ambition de votre hebdomadaire?
Si, mais pas assez. Avant, on procédait par rubrique. On remplissait souvent ces rubriques en attendant l'actu. Désormais, avec la nouvelle formule, il n'y aura plus de rubriques mais des sujets. Des sujets de fond qui devront s'imposer et être imposés par les journalistes de la rédaction. Chaque sujet devra gagner sa place.
Vous parlez souvent de rupture, de tournant à propos de cette nouvelle formule, "L'Express" va-t-il mal ?
Les news magazines ne vont pas très bien de manière générale et les ventes actuelles ne nous satisfont pas. Mais si l'on regarde de plus près, nous étions à 422 000 exemplaires vendus il y a 10 ans et ce, sans internet ni chaînes d'information. Aujourd'hui, nous sommes à 433 000 exemplaires. On peut donc dire qu'on résiste plutôt bien. Au delà de cette crise de mutation commerciale que nous traversons, c'est une mutation intellectuelle que nous devons mener.
Justement, quelles sont les grandes innovations qui vous permettront de mener à bien la mutation intellectuelle que vous évoquez ?
On a véritablement refondé l'hebdomadaire. Concernant la Une, nous avons un nouveau logo plus visuel, plus incisif. On a aussi dégagé la Une en sélectionnant un seul grand sujet afin de lui donner une plus grande visibilité. Dans un hebdomadaire, le sujet doit être présent en majesté. A l'intérieur, les grands rendez-vous demeurent. Le grand entretien du début est maintenu mais va subir une montée en gamme. Nous conservons les brèves, les indiscrétions dont le public est friand et nous l'enrichissons d'une page people. Il y aura toujours des reportages, des portraits, des enquêtes, des interviews mais organisés avec cette logique de sujets plutôt que de rubriques.
Enfin, à la fin du cahier principal, nous créons "L'Express Folies", une série de sujets décalés qui enrichiront l'hebdomadaire et lui apporteront un grain de folie. Par exemple, dans le numéro de demain, il y aura dans cette partie un reportage hilarant sur les inventions les plus insolites du concours Lépine. Moi-même, je publierai un poème en hommage à Jonny Wilkinson (joueur de rugby du RC Toulon, NDLR). Le principe est de faire plaisir aux lecteurs comme aux journalistes. L'actualité est souvent anxiogène et il faut apporter de la légèreté.
Mais les grands hebdomadaires ne créent-ils pas eux-mêmes cette anxiété, noatamment avec le "Hollande bashing" ?
J'aimerais faire des Unes sur le triomphe du Président. Mais la réalité, c'est qu'il rencontre des difficultés. Le monde est sombre et c'est notre mission de le montrer dans sa vérité. Jean-Jacques Servan-Schreiber, fondateur de "L'Express" disait qu'il faut "Dire la vérité telle que nous la voyons". C'est ce que nous devons continuer à faire.
"L'Express" fête cette année ses 60 ans. Que nous préparez-vous?
Un numéro spécial qui sortira le 29 mai. Il comportera notamment un portfolio de photos de personnalités posant avec des Unes historiques de l'hebdomadaire qui leur étaient consacrées.Valéry Giscard d'Estaing posera par exemple devant une Une faite sur lui en 1974. Nous aurons aussi des personnalités plus contemporaines qui poseront avec des Unes de leur choix. Benjamin Biolay posera par exemple avec Kennedy, une personnalité qui le fascine.
Puremedias.com vous propose de découvrir la Une de "L'Express" nouvelle version.