Nouveau rebondissement dans l'affaire des enregistrements de "Mediapart". Selon le "JDD", Alexandre Benalla conteste le caractère légal de la captation d'une conversation entre Vincent Crase et lui-même. L'ex-collaborateur de l'Elysée a donc décidé de déposer plainte contre X jeudi dernier pour "détention illicite d'appareils ou de dispositifs techniques de nature à permettre la réalisation d'interceptions", "atteinte à l'intimité de la vie privée" et "atteinte à la représentation de la personne".
Le 31 janvier dernier, "Mediapart" a publié des extraits sonores compromettants pour Alexandre Benalla et Vincent Crase. Quelques jours plus tard, deux magistrats accompagnés de trois policiers se sont rendus dans les locaux de la rédaction d'Edwy Plenel, en vue qu'une perquisition dans le cadre d'une enquête préliminaire ouverte par le parquet de Paris pour "atteinte à l'intimité de la vie privée". Le pure-player s'est alors opposé à la perquisition au nom de la protection des sources, et comme la loi le permet lorsqu'il s'agit d'une enquête préliminaire. Une trentaine de SDJ ont d'ailleurs apporté leur soutien au site internet après la tentative de perquisition.
Le 6 février, "Mediapart" a révélé que l'enquête préliminaire avait été déclenchée à la suite d'un échange entre Matignon et le parquet. Le lendemain de la révélation des extraits sonores compromettants d'Alexandre Benalla, l'hebdomadaire "Valeurs actuelles" a ainsi adressé deux questions aux services du Premier ministre, se demandant si la conversation enregistrée entre Alexandre Benala et Vincent Crase avait eu lieu dans l'appartement de la responsable du Groupement chargé de la sécurité du Premier ministre (GSPM), et si les enregistrements révélés étaient des écoutes administratives, autrement dit "réalisées par un service de renseignement" comme le précise "Mediapart".
Après avoir questionné la chef du GSPM, l'entourage d'Edouard Philippe a démenti son implication "d'une quelconque façon dans la rupture du contrôle judiciaire de MM. Benalla et Crase". "La chef du GSPM affirme connaître M. Benalla, mais ne jamais avoir rencontré M. Crase et qu'à sa connaissance celui-ci n'est jamais venu à son domicile", a ajouté l'entourage du Premier ministre, assurant qu'aucune écoute administrative n'a été autorisée au sujet d'Alexandre Benalla et Vincent Crase.
Afin d'éviter la propagation de rumeurs et agir "en toute transparence" selon "Mediapart", les services d'Edouard Philippe ont communiqué le lendemain au parquet de Paris les questions de "Valeurs actuelles", ainsi que les réponses apportées par l'exécutif. Ce serait ensuite sur la base de ces éléments que le procureur de la République aurait décidé d'ouvrir une enquête pour "atteinte à l'intimité de la vie privée" et "détention illicite d'appareils ou de dispositifs techniques de nature à permettre la réalisation d'interception et de télécommunications ou de conversations".
De son côté, Matignon a justifié la communication de ces éléments auprès du site d'information d'Edwy Plenel. "Il ne s'agit en aucun cas d'un signalement ou d'un article 40 (article du code de procédure pénale qui oblige une personne dépositaire de l'autorité publique à dénoncer un délit, ndlr)", a souligné l'entourage du Premier ministre. Avant de faire allusion aux procédures ciblant Alexandre Benalla : "Il s'agit simplement de partager en toute transparence avec la justice des éléments de réponse transmis à la presse et qui sont susceptibles de concerner une affaire judiciaire en cours". Selon le "JDD" hier, il est établi que les captations n'ont procédé ni d'écoutes judiciaires, ni d'écoutes administratives régulièrement déclarées.
Mise à jour (18/02/2019 16h30) : Selon BFMTV, Vincent Crase a également déposé plainte ce lundi pour que soit identifié les auteurs des "enregistrements frauduleux", a fait savoir son avocat à la chaîne info.