Eric Dupont-Moretti ne mâche pas ses mots. Lors d'une longue interview accordée à Acteurs de l'économie – La Tribune, le célèbre avocat a ainsi pointé du doigt à plusieurs reprises l'influence néfaste des médias sur la société française.
Interrogé sur le sentiment d'insécurité, il a ainsi souligné la responsabilité des médias dans ce domaine. "La criminalité est une réalité, mais qui est aussi 'victime' d'un double phénomène : d'une part l'insuffisante fiabilité des statistiques et l'interprétation voire l'instrumentalisation auxquelles elles se prêtent, d'autre part l'effet amplificateur, extraordinairement anxiogène, que produisent les médias et particulièrement les chaînes d'information en continu". Avant de déplorer : "Désormais, via la télévision, internet et les réseaux sociaux, chaque crime commis 'entre' dans nos foyers, et la surexposition comme la superposition de ces crimes donnent le sentiment qu'ils nous encerclent et peuvent nous frapper à tout instant".
Pourtant habitué des plateaux télé, Eric Dupont-Moretti a ensuite vivement attaqué la télévision, un média qui illustre selon lui le déclin actuel de notre société. "L'offre télévisuelle est une excellente démonstration de ce déclin. La télé-réalité abêtit la pensée des enfants et conforte l'extrême pauvreté du vocabulaire et des expressions, surtout elle met en exergue et même honore l'élimination des faibles", a-t-il estimé.
"Pas une seule émission de ce type n'est pas fondée sur ce principe. Et ainsi sont imposées aux (jeunes) téléspectateurs une double dictature, une double règle simultanée et consubstantielle : la loi du fort et le rejet du vulnérable, la sacralisation des vainqueurs et l'ostracisation, d'ailleurs souvent humiliante, des perdants. Célébrer la 'réussite' - professionnelle, humaine, etc. - est essentiel ; mais disqualifier et stigmatiser l'échec est délétère", a ensuite jugé Eric Dupont-Moretti. Et de s'interroger : "Comment, dans de telles conditions, peut-on espérer faire vivre la solidarité et la fraternité ? Comment peut-on cultiver l'empathie et l'altruisme ? Comment peut-on 'faire' société ?".
"Acquitator" a cependant réservé ses mots les plus durs pour le site "Médiapart" et son patron Edwy Plenel. Il leur reproche ainsi "l'emploi de pratiques qui salissent" selon lui la profession de journaliste. "Micro caché, caméra déguisée, délations (enregistrements illicites dans l'affaire Bettencourt) et même démarches entreprises auprès du Procureur pour demander des poursuites (dans l'affaire Cahuzac) : les méthodes, héroïsées, d'Edwy Plenel et de ses séides sont en réalité abjectes, et reflètent l'état d'une société qui s'affranchit de règles de conduite, d'éthique et de courage les plus élémentaires", a-t-il taclé. Avant de lancer : "Depuis quand adule-t-on des journalistes transformés en policiers ?". puremedias.com vous propose de revoir un extrait du numéro du "Divan" du 3 mars 2015 sur France 3 où Eric Dupont-Moretti était invité.