"Fort émoi", "tension extrême", "rédaction à cran". Voilà les expressions entendues ce matin pour décrire le climat régnant dans les couloirs d'Europe 1. De nombreux salariés de la radio sont ainsi vent debout après avoir appris aujourd'hui la mise à pied d'un journaliste de la rédaction. Selon nos informations, la direction lui reproche de s'être accroché hier avec une représentante du service des Ressources Humaines lors d'une Assemblée générale tenue dans les locaux de la station.
Tous les salariés de la radio étaient conviés à cette réunion organisée pour évoquer le sort d'un média dont la maison-mère, Lagardère, a désormais pour premier actionnaire Vincent Bolloré, via Vivendi. Alors que la défiance entre la direction et ses salariés est grandissante, Europe 1 doit faire face à un nouveau chamboulement annoncé de sa grille sur fond de difficultés d'audience et de plan de départs, ainsi qu'à un potentiel rapprochement éditorial avec les autres médias du milliardaire breton.
C'est dans ce contexte qu'un journaliste de la rédaction a reproché publiquement hier à une représentante des RH d'enregistrer clandestinement l'Assemblée générale via son téléphone. Prise à partie en des "termes forts" selon un témoin de la scène, cette dernière aurait reconnu avoir enregistré secrètement les propos tenus lors de cette Assemblée générale, sans expliquer les raisons de son geste.
Le lendemain matin de l'incident, la direction de l'information d'Europe 1 a selon nos informations indiqué au journaliste en question qu'il serait convoqué le 30 juin prochain par sa direction pour un entretien pouvant déboucher sur un possible licenciement. Il est mis à pied à titre conservatoire jusqu'à cette date.
"Cette décision a provoqué un sentiment d'incompréhension et même d'indignation d'un grand nombre de salariés d'Europe 1, et notamment parmi la rédaction", témoigne aujourd'hui Olivier Samain, délégué SNJ de la radio, joint par puremedias.com. "Cela montre bien l'importation des méthodes de Vincent Bolloré à Europe 1 !", s'étrangle un autre salarié de la station, sous couvert d'anonymat. Signe de la tension extrême régnant au sein de la rédaction, une rumeur a couru durant la matinée d'un refus de Patrick Cohen d'animer sa tranche du midi en guise de protestation contre cette décision. Le journaliste de "C à vous" a finalement bien pris l'antenne comme prévu à 12h30 aujourd'hui.
En réaction à cette affaire, les représentants des quatre principales organisations de salariés de la radio (SNJ, CGT, CFTC, FO) ont envoyé ce matin un courrier à Constance Benqué, la présidente d'Europe 1, pour lui demander une rencontre et des explications concernant la décision de mise à pied du journaliste. Leur missive est pour l'instant restée sans réponse. A 14h30 aujourd'hui, les salariés se réuniront en tout cas de nouveau en Assemblée générale pour évoquer cette affaire et envisager les actions à mener.
Contactée par puremedias.com, la direction d'Europe 1 n'a pas répondu pour l'instant.