Un colosse pour lutter contre Amazon et Netflix. Mardi, AT&T, plus grand fournisseur de services téléphoniques aux Etats-Unis, a été autorisé par un juge américain à racheter Time Warner, le géant des médias qui, entre autres actifs, possède notamment HBO, CNN ou encore Warner Bros. C'est le juge fédéral Richard Leon qui a autorisé, sans condition, la manoeuvre en déboutant le ministère de la Justice américain, opposé à ce rapprochement jugé néfaste pour les consommateurs. Le juge a par ailleurs mis en garde les autorités américaines contre les risques représentés par un éventuel appel.
David McAtee, directeur juridique d'AT&T, a indiqué qu'il comptait désormais boucler la fusion, évaluée à près de 86 milliards de dollars, d'ici le 20 juin. De son côté, le ministère de la Justice, par la voix du gendarme antitrust nommée par Donald Trump en mars 2017, s'est dit "déçu" par la décision du tribunal, estimant que "le marché de la télévision payante sera moins compétitif et moins innovant". Le feu vert de la justice américaine, plus d'un an et demi après l'annonce de la fusion, est un camouflet à plus d'un titre pour Donald Trump. Au cours de la campagne de 2016, ce dernier avait ouvertement pris partie contre l'opération, menaçant même de la bloquer.
L'autorisation de la fusion entre AT&T et Time Warner pourrait marquer le début des grandes manoeuvres dans la perspective d'une grande refondation du secteur des télécoms et des médias aux États-Unis. L'idée étant de fusionner les acteurs de distribution et de création. Le câblo-opérateur Comcast, propriétaire de NBC et des studios Universal, pourrait tenter de ravir la 21st Century Fox, pourtant promise à Disney depuis décembre, en déposant une offre supérieure dans les prochaines heures. Alors que CBS et Viacom traînent des pieds pour se (re)marier, l'opérateur de télécommunications Verizon pourrait également tenter de récupérer la chaîne de télévision américaine.