C'est le tournage le plus médiatisé du moment. Abel Ferrara tourne en ce moment même, à New York, "Welcome in New York", un film sur l'affaire DSK avec Gérard Depardieu dans le rôle de l'ancien patron du FMI et, suite au désistement de dernière minute d'Isabelle Adjani, Jacqueline Bisset dans le rôle d'Anne Sinclair.
En raison de la frilosité que le sujet a provoqué chez les chaînes de télévision, ce film, annoncé il y a plus d'un an, a eu du mal à trouver des financements. C'est ce que confirme ce matin, dans une interview à "Télérama", le producteur de cinéma Vincent Maraval. Celui qui a créé une énorme polémique en décembre en dénonçant dans une virulente tribune dans "Le Monde" les nombreux abus de certaines stars du cinéma tricolore qui exigeaient des salaires mirobolants.
Dans sa tribune, Vincent Maraval avait défendu Géard Depardieu, alors au centre du scandale suite à l'annonce de son exil en Russie, en estimant que l'acteur de "Cyrano de Bergerac" prenait certes un cachet très important pour enfiler le costume d'"Obelix " mais qu'il était capable de jouer gratuitement dans des petites productions comme "Mammuth" de Benoît Delépine et Gustave Kervern.
Vincent Maraval révèle ainsi que l'acteur sera payé "zéro euro" pour faire le film sur Dominique Strauss-Kahn. Le producteur se souvient d'une conversation téléphonique avec lui la semaine précédent le début du tournage : "Vincent, tu abuses, j'ai dû me payer mon billet pour New York, tu ne me donnes rien. Ton article m'a fait rire mais je vais en écrire un à mon tour : 'les financiers du cinéma sont-ils des rats' ", raconte Maraval qui lui a répondu : "Ecoute, Gérard, tant pis, je n'ai pas d'argent pour faire ce film, je comprends que tu refuses". L'acteur l'a rappelé deux heures plus tard pour lui dire "Ok, tu m'emmerdes, je le fais gratos". "C'est le panache qu'il pouvait avoir pour Pialat, et qu'il a encore pour faire 'Mammuth' ou tourner avec Abel Ferrara", admire Maraval.
Alors que Depardieu avait indiqué avoir accepté le rôle car il "n'aimait pas" l'ancien ministre de l'Economie de Lionel Jospin, Vincent Maraval a détaillé les intentions du réalisateur américain. "Abel Ferrara se fiche de l'affaire DSK. Mais quand il était un cinéaste au sommet, il a fait un film pour la Warner. Les cadres du studio se sont aperçus qu'il était héroïnomane. Ils ont jugé qu'il n'était pas fiable et l'ont blacklisté. Il aurait dû être le 'wonderboy' de Hollywood mais il s'est fait prendre, il perd tout. Sa femme ne voulait pas savoir qu'il se droguait. Vous voyez l'analogie...", conclut le producteur qui présentera 9 films lors du 66e Festival de Cannes, dont le coup d'envoi sera donné aujourd'hui à 19h15.