Que retenir de cette année médiatique ? Pour la troisième saison consécutive, puremedias.com propose sa série d'interviews des personnalités du PAF, qui vous livrent leurs coups de coeur et coups de gueule. Au tour de Nadia Daam, chroniqueuse dans "28 minutes", l'émission d'access d'Arte.
La personnalité médiatique de l'année ?
Il s'agit plutôt de personnalités médiatiques, bien malgré elles d'ailleurs. Mais je crois que nous resterons collectivement marqués par les témoignages des rescapés des attentats de Paris. J'ai été infiniment bouleversée par le post Facebook d'Antoine Leris, le compagnon d'une des victimes du Bataclan; et par le témoignage de Louise, dans "Libération". Tout comme resteront gravés les récits des rescapés de Charlie ou de l'Hyper Cacher. Avec une sobriété et une force inouïes, ils nous ont aidés à mettre quelques mots sur l'indicible.
La personnalité politique de l'année ?
Angela Merkel évidemment ! Et je ne suis pas la seule à le penser puisqu'elle a été sacrée femme de l'année par le magazine "Time". Elle n'est évidemment pas au-dessus de toute critique, mais avec ses prises de position sur l'accueil des réfugiés, elle a été une des seules à faire face avec humanité à un vaste défi européen.
Le coup médias de l'année ?
Le patron de Facebook, Mark Zuckerberg. Quand il a annoncé qu'il consacrerait 99% de ses actions à "faire le bien dans le monde", sa philantropie a largement été tempérée. Reste qu'il est parvenu à faire largement parler de lui et de sa marque. Et qu'il n'a que 31 ans !
Le mensonge médiatique de l'année ?
Marine Le Pen qui dit à ses électeurs "n'ayez pas peur" et qui persiste à se placer en "victime du système". Alors qu'elle surfe sur la paranoïa identitaire et que le FN est un parti dynastique omniprésent sur le terrain médiatique, difficile de faire moins "anti-système".
L'émission TV de l'année ?
"28 minutes" ! Là aussi, ce n'est pas moi qui le dis, mais les audiences, qui, même si elles ne nous obsèdent pas, montrent qu'il est tout à fait possible de proposer une émission qui aborde des sujets de fond avec profondeur et sobriété. Même s'il nous est arrivé de piquer des fous rires monumentaux.
L'émission radio de l'année ?
Je délaisse de plus en plus la radio pour les podcasts américains. En particulier pour "Serial", un podcast qui retrace des enquêtes criminelles. Il faut absolument écouter celui qui évoque le soldat américain capturé par les Talibans. Plus addictif que la série "Homeland" !
Le dérapage médias de l'année ?
C'est peu de dire qu'on a l'embarras du choix. Mais j'ai été très choquée quand Thierry Demaizières, journaliste de l'émission "7 à 8" a demandé à Gareth Thomas, un rugbyman gay, comment il gérait "ses pulsions homosexuelles, notamment dans les vestiaires".
Le/la journaliste de l'année ?
Zaina Erhaim, journaliste citoyenne qui raconte la vie sous les bombes en Syrie, sur son blog publié en arabe et en anglais. Elle raconte la guerre en se plaçant du côté des victimes et en restituant toute la complexité du conflit. Elle vient d'ailleurs d'être primée par RSF.
L'animateur/animatrice de l'année ?
C'était déjà mon chouchou en 2014. John Oliver, le présentateur de "Last Week Tonight" sur HBO est hilarant, brillant, révolté, et il est le premier à avoir réussi à me faire rire après les attentats.
La personnalité médiatique qui marquera 2016 ?
Hélas, je crois que nous sommes bien partis pour subir un gavage forcé de Donald Trump.