Le dessinateur Plantu est depuis mardi dernier à l'origine d'une vive polémique entre son journal, Le Monde, et la CGT. En cause : un dessin publié mardi dernier en Une du quotidien et qui faisait un parallèle entre le dogmatisme borné d'un syndicaliste CGT et celui d'un intégriste musulman. Dans le dessin en question, on pouvait ainsi voir un militant de l'organisation syndicale interdisant à une salariée de Castorama d'aller travailler le dimanche tandis qu'à ses côtés, un intégriste musulman interdisait à une petite fille voilée d'aller à l'école.
Une comparaison qui a profondément choqué le leader de la CGT, Thierry Lepaon, comme l'a rapporté l'AFP. Dans une lettre envoyée à Natalie Nougayrède, la directrice du Monde, le syndicaliste a ainsi dénoncé un dessin "indécent", '"antirépublicain" qui "nous déshonore tous". Le patron de la CGT a expliqué à Natalie Nougayrède qu'il avait "pris connaissance avec consternation, dégoût et tristesse" de ce dessin. Si le leader syndical a tenu à rappeler qu'il acceptait la "remise en cause" et la moquerie de son syndicat car "c'est la règle du jeu (...) dans une société démocratique", il s'est par contre élevé contre "le parallèle fait (...) entre la CGT et la face la plus violente d'un extrémisme politique liberticide".
Et Thierry Lepaon n'a visiblement pas été le seul à être choqué par ce dessin. Le médiateur du Monde, Pascal Galinier, a ainsi fait état vendredi de nombreux courriers de lecteurs indignés. "Qu'est-ce que Plantu essaie de nous dire ? Qu'ils ont tous deux le même pouvoir de nuisance et de violence aveugle ? Talibans-CGT même combat ? Franchement..." s'est par exemple désolée une lectrice parisienne.
De son côté, Plantu a assumé en bloc son oeuvre. "Exagérer le trait fait partie du travail du caricaturiste. En lisant les réactions de certains lecteurs, je me dis que j'ai rempli le contrat" a ainsi affirmé le dessinateur. Ce dernier a reçu le soutien de sa directrice, Natalie Nougayrède. Cette dernière a expliqué "qu'un dessin peut peut-être choquer, heurter des sensibilités" mais que "sa publication relève d'un principe (qu'elle entend) défendre avec vigueur : l'indépendance éditoriale absolue". "Cela passe aussi par l'humour", a précisé la directrice du journal.