Depuis le vendredi 17 novembre, les salariés du groupe "La Provence", quotidien régional basé à Marseille, ont entamé un mouvement de grève paralysant la parution du journal pour deux journées consécutives alors que des articles continuent d'être mis en ligne sur le site internet du groupe. En cause : un plan social qui prévoit la suppression de 30 postes à la rédaction du journal et 60 postes tous services confondus.
La réduction des effectifs est supposée réduire la masse salariale du journal détenu par Rodolphe Saadé. La rédaction devrait ainsi passer de 185 à 155 journalistes. "La rédaction de La Provence perdrait selon ce plan un journaliste sur six", a déclaré Nicolas Goyet délégué syndical CRFE CGCC auprès de France 3 Provence-Alpes-Côte d'Azur. Le plan avait été présenté aux salariés mercredi 13 novembre par le directeur général du groupe, Gabriel d'Harcourt, invoquant la perte d'exploitation de 12,5 millions d'euros enregistrée par le quotidien en 2022. Il a précisé qu'aucune réduction des effectifs de la rédaction n'avait été engagée depuis 2018, alors que dans le même temps le journal a perdu plus de 25.000 exemplaires vendus en moyenne jour, passant de 92.000 à 65.000.
Lors de son offre de reprise en 2022, Rodolphe Saadé, dirigeant de la CMA-CGM, s'était engagé à ne pas procéder à des suppressions d'emplois. Le rachat du groupe La Provence par le chef d'entreprise avait même laissé présager de nombreux investissements.
Du côté des employés, la stupéfaction a fait place à la colère. Réunie en assemblée générale le jeudi 16 novembre, la rédaction décidé d'une grève "immédiate et reconductible" pour protester contre la suppression de trente postes de journalistes annoncée la veille par la direction, a indiqué le Syndicat national des journalistes (SNJ). "Une grève immédiate et reconductible a été votée à 89 %, avec une participation de 90 %" des membres de la rédaction, sur 214 inscrits, comprenant des journalistes titulaires ou en contrat à durée déterminée, des documentalistes, secrétaires et community managers, a énuméré auprès de l'AFP Sophie Manelli, déléguée du SNJ.
À l'issue de la première journée de mobilisation, les équipes de la rédaction de "La Provence" ont décidé, vendredi 17 novembre, de reconduire leur mouvement de grève pour la deuxième journée consécutive. Alors que 89% des journalistes (185 votes exprimés) ont pris part au vote électronique, 83% des votants ont souhaité poursuivre la mobilisation contre 17% de votes contre, a détaillé "MarsActu". Si le journal ne paraît pas le dimanche, les éditions de la semaine prochaine pourrait à nouveau être perturbée.