Marine Le Pen et Laurent Ruquier s'expliqueront devant les tribunaux. C'est ce qu'a décidé le procureur de la République qui, selon le site internet du Point, a renvoyé en correctionnelle les deux personnalités pour "injures publiques". Ils ne se retrouveront devant le juge que dans un an. Petit rappel des faits.
Les relations entre Laurent Ruquier et la dirigeante du FN sont mauvaises depuis des années. L'animateur a toujours refusé d'inviter la leader frontiste dans "On n'est pas couché". "Tant que rien ne m'y oblige, je choisis les invités politiques que je reçois comme bon me semble (...) Je ne souhaite pas livrer mon audience aux idées du Front National (...) C'est ma vision du service public", avait déclaré l'animateur de France 2 fin 2010. Egalité de traitement entre les candidats à la présidentielle oblige, Laurent Ruquier a fini par recevoir Marine Le Pen sur le plateau du talk show de France 2 en février 2012. "Une obligation" avait alors précisé l'animateur, fortement critiqué depuis plusieurs mois par le parti d'extrême droite.
Mais les relations ne se sont pas apaisées pour autant. En novembre 2011, Marine Le Pen a annoncé sa volonté de porter plainte après la diffusion d'une séquence où son arbre généalogique était présenté sous la forme d'une croix gammée. Mais c'est une autre allusion de l'animateur qui avait provoqué la colère du FN. En janvier 2012, Laurent Ruquier avait relayé dans la séquence revue de presse du programme quelques caricatures des affiches des candidats à l'élection présidentielle publiées la semaine précédente par Charlie Hebdo. L'une, signée Charb, montrait une crotte de chien au-dessous du slogan : "Le Pen, la candidate qui vous ressemble".
Dès la diffusion de l'émission, le directeur de la communication du parti avait écrit à Remy Pflimlin, le PDG de France Télévisions. "C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. La vulgarité de Monsieur Ruquier atteint son comble (...) Marine Le Pen est la seule candidate à être traitée ainsi sur le service public (...) D'ici le scrutin présidentiel, tout est à craindre de la part de cet animateur", avait écrit le porte-parole de la candidate, indiquant que la leader frontiste était "comparée à une merde".
"Je souhaite (...) vous inviter à visionner cette émission car le contenu de votre lettre prouve que vous ne l'avez pas vue vous-même", avait immédiatement répondu Remy Pflimlin . "Monsieur Ruquier a, au cours de cette émission, fait état des "différentes affiches que Charlie-Hebdo a proposées cette semaine pour tous les candidats" et a montré à l'antenne huit de ces affiches parodiées et publiées par le magazine, parmi lesquelles celle que vous incriminez. Laurent Ruquier n'a donc fait que lire ce qui était écrit (...) sans aucun autre commentaire. Il n'est donc pas l'auteur ni de l'affiche, ni de son texte", explique le président de France Télévisions.
"Votre lettre montre que vous ne connaissez pas les règles déontologiques et juridiques : en matière de diffamation ou d'injure, seule la publicité fait le délit. (...) Puisque l'émission n'est pas en direct, vous-même, directeur de la publication, avez pris la responsabilité de diffuser cette affiche et vous avez aussi commis l'infraction", lui avait répondu dans un nouveau courrier Bruno Bilde, directeur de la communication de la campagne de Marine Le Pen. Le procureur de la République a donc décidé que la plainte pour injure publique était bien recevable, et le tribunal correctionel sera chargé de trancher.