Cyrille Eldin n'est plus un "Reporter" mais un "Rapporteur". Chaque soir dans "Le Grand Journal" de Canal+, le comédien décline la chronique qui a fait son succès à "La matinale" et au "Supplément". Dans les allées du pouvoir, il s'amuse avec les politiques, de gauche comme de droite, chante avec Emmanuel Macron, embrasse Isabelle Balkany ou ricane avec Marine Le Pen. Une proximité critiquée depuis plusieurs jours sur les réseaux sociaux. Jean-Michel Aphatie a lui dénoncé sur Twitter la "complaisance" de l'amuseur avec les dirigeants politiques.
Ce matin, c'est Daniel Schneidermann qui fustige à son tour la "eldinisation de la politique" dans son éditorial quotidien. Le journaliste revient sur "l'affaire" du ministre anonyme ayant recommandé aux listes PS et Les Républicains de fusionner au deuxième tour des élections régionales pour barrer la route au FN. Cyrille Eldin, nouvel ambassadeur de la politique du talk de Canal, est allé jeudi soir à la pêche aux infos. A coups de blagues et interrogations bien senties, il obtient un morceau de réponse.
"On vient, en tout cas, d'assister à un glissement. Le glissement d'un débat politique estampillé "sérieux" (quelle stratégie électorale pour les partis traditionnels face au FN ?) des rubriques politiques proprement dites, vers l'océan de la rigolade de l'infotainement. Ainsi eldinisé, le débat politique exclut non seulement toute dimension tragique, mais même toute prétention au sérieux", écrit notre confrère.
Cyrille Eldin n'est pas un journaliste politique. Et il n'y en a plus sur le plateau, Jean-Michel Aphatie et Karim Rissouli n'ayant pas été reconduits dans cette nouvelle formule du "Grand Journal" saucé Bolloré. Récemment d'ailleurs, l'ex-intervieweur matinal de RTL dénonçait cette absence. "Je trouve que le plateau est un peu faible. Il manque dans l'équipe des chroniqueurs quelqu'un de vraiment fort et sérieux pour l'épauler (Maîtena Biraben, ndlr)", jugeait-il. C'est en effet désormais elle seule qui mène les interviews politiques, comme pour la première, face à Manuel Valls.