Les journalistes de l'hebdomadaire "Marianne" sont vent debout contre le rachat de leur journal par le milliardaire Pierre-Edouard Stérin, dont les liens avec l'extrême-droite ont été mis en lumière par le journal "Le Monde". Ils ont voté une grève reconductible, qui a commencé ce vendredi 28 juin à 6 heures du matin. Une journaliste de Marianne a indiqué à l'AFP que 80% des salariés présents avaient voté pour cette grève.
Daniel Kretinsky (CMI France) avait décidé de se débarrasser de l'hebdomadaire "Marianne", malgré une nouvelle formule lancée en mars dernier. Le milliardaire tchèque était entré en négociation exclusive avec le groupe français Otium (les coffrets cadeaux Smartbox), propriété du milliardaire français Pierre-Edouard Stérin. La nouvelle avait été difficile à accepter pour les salariés de "Marianne" qui s'étaient émus d'avoir appris les intentions de Kretinsky par voie de presse.
Le 27 juin, la Société des rédacteurs de "Marianne" a publié sur le réseau social X un communiqué dans lequel elle écrit : "Les derniers éléments portés à notre connaissance concernant Pierre-Edouard Stérin rendent les garanties d'indépendance obtenues par la rédaction insuffisantes pour exercer notre métier avec sérénité." Les journalistes du titre reprochent notamment à Pierre-Edouard Stérin sa proximité avec l'extrême-droite. "Ce qui apparaissait comme un engagement idéologique individuel se révèle être une entreprise partisane (offre de services, investitures de candidats aux législatives, financement indirect par l'achat d'un bien immobilier....)". La rédaction fait ici notamment référence à l'achat de la villa de Jean-Marie Le Pen par l'une des sociétés d'investissement de Pierre-Edouard Stérin.
Les accointances du milliardaire avec le RN ont été détaillées dans un article du Monde paru le 26 juin et intitulé "'Versailles connection': comment le milliardaire Pierre-Edouard Stérin place ses pions au RN". Le journal démontre des liens entre plusieurs candidats aux élections législatives, LR favorables à l'alliance au RN, et le Fonds du bien commun, entreprise philanthropique créée par le milliardaire de 50 ans.
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"La nature de l'offre de reprise s'en trouve définitivement altérée" conclut la rédaction dans son communiqué. Au vu de ces nouveaux éléments, la rédaction de "Marianne" s'est prononcée contre ce rachat par Pierre-Edouard Stérin ce jeudi 27 juin alors que le 21 juin dernier, elle s'était exprimée à 60,3% favorable à ce rachat.
La Société des rédacteurs de "Marianne" a donc demandé à Daniel Kretinsky et son mandataire, Denis Olivennes, de "mettre fin au processus de négociation et de se mettre en quête de nouveaux acquéreurs".
C'est face au refus de ces derniers que les salariés de "Marianne" ont voté une grève reconductible de 24 heures.
Ce vendredi 28 juin, CMI France et Pierre-Edouard Stérin "ont décidé d'un commun accord de suspendre leurs discussions sur la cession de Marianne", a annoncé à l'AFP le groupe de presse du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky.
S'il a l'intention de vendre le magazine dont la rédaction est dirigée par Natacha Polony, Daniel Kretinsky ne souhaite pas pour autant quitter l'univers des médias en France. Au contraire, il a répondu à l'appel d'offres pour le renouvellement de l'attribution des fréquences de la TNT en proposant sa chaîne Réels TV.