Pierre Bergé n'aime pas les opposants au mariage homosexuel, surtout dans les pages de ses journaux. En avril dernier, l'homme d'affaires s'était ainsi dit "profondément scandalisé" par une publicité anti-mariage gay publiée dans le journal "Le Monde" dont il est l'un des trois actionnaires avec Xavier Niel et Matthieu Pigasse.
A présent, Pierre Bergé affiche publiquement son souhait d'expulser du groupe Le Monde l'hebdomadaire chrétien "La Vie" comme le révèle aujourd'hui Les Echos. La raison : l'opposition répétée au mariage homosexuel de ce titre de presse, plutôt classé à gauche. Pierre Bergé est particulièrement remonté contre les éditoriaux de son directeur de la rédaction, Jean-Pierre Denis et l'a apparemment fait savoir hier lors du Conseil de surveillance : "J'ai témoigné mon désaccord avec un édito de La Vie et je continue" a ainsi confirmé Pierre Bergé aux Echos. "Je ne vois pas pourquoi tout le monde aurait le droit de s'exprimer sauf un actionnaire". Et d'expliquer sa position : "je suis venu au secours du Monde parce qu'il représentait une éthique que je partageais, je ne suis pas obligé de supporter celle de La Vie que je combats tous les jours. Oui, je serais heureux que ce journal ne fasse plus partie du groupe".
Depuis cette sortie, Louis Dreyfus, le patron du directoire du groupe, a tenté de calmer le jeu en rappelant qu' "il n'y a aucun mandat de vente de La Vie". Quoiqu'il en soit, la volonté affichée de Pierre Bergé peinera sans doute à se concrétiser. La décision de se séparer d'un titre ne peut en effet se faire qu'avec l'accord de l'ensemble des actionnaires du groupe. A cette contrainte administrative s'en ajoute une autre, de nature économique cette fois. Le journal La Vie est détenu par une filiale du groupe Le Monde appelé "Malesherbes Publications". Or, cette filiale, qui abrite également les titres de presse Prier et Le Monde des religions affichait un bénéfice d'un million d'euros l'année dernière et réalise 20 millions d'euros de chiffre d'affaires par an. Une bonne santé financière non négligeable dans le contexte actuel de la presse et qui ne devrait pas favoriser le triomphe des volontés de Pierre Bergé.