Marine Le Pen n'en finit pas d'intenter des actions en justice contre des journalistes, même si ça ne peut pas marcher à chaque fois. Après son procès perdu contre Canal+ en mars 2011, la mise en examen de Rémy Pflimlin et Charb en septembre dernier, la présidente du Front National est de nouveau au coeur de l'actualité judiciaire. La fille de Jean-Marie Le Pen vient en effet d'être déboutée de son action en diffamation contre le Canard Enchaîné pour un article paru en juillet 2011.
Dans ce papier des "Dossiers du Canard Enchaîné", le journal revenait sur un incident qui se serait produit dans la nuit du 20 février 2003 dans le XVIè arrondissement de Paris, chez un ancien leader du Groupe Union Défense (GUD), la fameuse organisation étudiante d'extrême-droite, réputée particulièrement violente dans les années 70.
Le journal satirique dépeignait dans son papier une Marine Le Pen "passablement éméchée" qui avait alors ouvert aux représentants des forces de l'ordre, appelés par des voisins pour tapage nocturne. Le Canard Enchaîné faisait alors état d'injures à l'encontre des policiers attribuées à Mme Le Pen, dont une phrase, équivoque : "il est plus facile de s'en prendre à de bons Français qu'aux bougnoules". L'article prenait bien soin de préciser le démenti de Marine Le Pen qui affirmait simplement que "tout cela (était) totalement faux".
Pourtant, la pilule n'était pas passée et la leader frontiste avait intenté une action en diffamation contre l'hebdomadaire. Mardi, le tribunal correctionnel de Paris l'a déboutée de son action en diffamation. S'il a estimé que l'imputation faite à Marine Le Pen "d'avoir grossièrement outragé des policiers et d'avoir employé un terme clairement raciste est bien diffamatoire", selon des propos rapportés par l'AFP, le tribunal a retenu la "bonne foi" du Canard Enchaîné. Précisant que celui-ci disposait "d'une base factuelle sérieuse", les magistrats ont relaxé le directeur de la publication du Canard tout en arguant que l'article énonçait clairement un démenti de la principale intéressée.
Le Front National avait déjà remporté un sérieux procès contre le Canard Enchaîné lorsque le journal avait été condamné en mars 1988 à verser 100.000 francs de dommages et intérêts à Jean-Marie Le Pen pour une photo de Une où le président du parti d'extrême-droite était montré... à demi-nu. Ce choix de Une se revendiquait satirique et faisait écho à Pierrette Le Pen, la femme divorcée de l'ancien militaire et mère de Marine Le Pen, qui avait posé dans le magazine Playboy.