Il l'avait promis après avoir été limogé de KM et Canal+ par Vincent Bolloré : la télé, plus jamais ! Mais Renaud Le Van Kim, producteur historique du "Grand Journal", n'a pas longtemps résisté à l'appel du PAF. En un an, il a réussi le tour de force de décrocher la production d'une nouvelle émission hebdo sur France 5 ("C Politique"/"C Polémique"), la co-production éditoriale d'une quotidienne ("C dans l'air") et le lancement du SNL sur M6, en prime. Ce n'est qu'un début... Le producteur, auréolé de ses premiers succès sur le service public, est attendu sur de nombreux nouveaux projets en 2017, au grand damn de ses petits concurrents qui le croyaient définitivement sorti du circuit. C'était sans compter sur son entregent et sa passion restée intacte pour la production télé.
Muter Yann Barthès de Canal+ à TF1, son fait d'arme cette année. Mais le marché et les observateurs oublient vite les succès et attendent beaucoup d'Ara Aprikian en 2017. La chaîne, confrontée à une baisse structurelle de ses audiences depuis plusieurs années, doit absolument se réformer pour se relancer. Les chantiers sont nombreux : l'access, en perte de vitesse, les grands formats, vieillissants, l'information, à l'aube de la présidentielle, et la fiction française, attaquée de toutes parts par la concurrence. Il peut compter sur Xavier Gandon, ex-D8 et meilleur horloger du PAF pour mener à bien la mue de TF1. Après les échecs de "Cinq à Sept avec Arthur" et de "19h Live", on attend de lui des prises de risques maîtrisées.
Nouvelle patronne surprise de France 2, Caroline Got est attendue au tournant. Dès les premières semaines de l'année, elle doit relancer les après-midi et remonter la moyenne d'audience mensuelle de la chaîne, au plus-bas depuis la rentrée. Ses premières décisions seront scrutées de très près, elle n'a pas droit à l'erreur. De son côté, après une première annus horribilis, Michel Field, à la tête de l'information de France Télévisions a une lourde tâche, organiser la présidentielle sur ses antennes sans accroc. Débats des primaires socialistes, 20 Heures, primes politiques, la route est droite jusqu'au premier tour mais la pente est forte. Les rédactions du service public sont sur leurs gardes.
Après avoir décimé la rédaction d'iTELE, tué le clair de Canal+ et lancé de nouvelles offres commerciales, l'industriel breton nous réserve sans doute quelques surprises pour 2017. Va-t-il vendre Canal+ France, déficitaire, ou s'associer à un opérateur, comme Orange ? Que cache sa montée en puissance au capital de Mediaset ? Quelle ligne éditoriale prépare-t-il pour la future CNEWS, dont le lancement a été une nouvelle fois retardé ? Va-t-il maintenir ses investissements dans le cinéma français ? Le futur président et son gouvernement auront un rôle à jouer, à condition qu'ils soient moins indulgents que le précédent.
Année présidentielle oblige, la presse people devrait s'intéresser de très près à nos hommes et femmes politiques. Après l'outing de Florian Philippot en décembre 2014 et la révélation de la relation entre Julie Gayet et François Hollande onze mois plus tôt, "Closer" devrait une nouvelle fois jouer les trouble-fêtes avant le scrutin. Laurence Pieau, la directrice de la rédaction, va-t-elle s'intéresser aux affaires personnelles de la nouvelle génération en marche, comme Emmanuel Macron ? Pour l'instant, l'image people du candidat à la présidentielle est maîtrisée et limitée à des couvertures souvent négociées dans Paris Match. Cela risque de changer en 2017 et pour le nouveau quinquennat à venir.
Le renouvellement de la classe politique s'est (enfin !) accompagnée d'un changement à la tête des grands rendez-vous politiques. Il était temps... Caroline Roux sur France 5 et France 2, Elizabeth Martichoux chaque matin sur RTL et pour les débats des primaires, Léa Salamé dans "L'émission politique" et sur France Inter, Ruth Elkrief chaque soir sur BFMTV. Ce sont elles qui vont donner le tempo de la prochaine campagne. La mise à la pré-retraite forcée de Jean-Pierre Elkabbach est un signe du renouvellement réclamé par les auditeurs et téléspectateurs. Exit les vieux routards usés de la politique... C'est rafraîchissant et indispensable.
Après une année surdosée en polémiques, "Touche pas à mon poste" sur C8 sera surveillée de très près en 2017. Sous le coup d'une possible sanction du CSA, "le premier talk show de France" est de plus en plus concurrencée, notamment par "Quotidien" sur TMC. Cyril Hanouna, droit dans ses bottes, toujours indifférent aux attaques dont il a été la cible, devra sans doute mettre un peu d'eau dans son vin pour ne pas mettre en danger l'écosystème de sa société de production, H20, premier producteur français et fournisseur officiel des programmes de C8. Le "caïd de la télé" a tout le monde sur son dos : le gendarme du PAF, les journalistes, les associations, une partie des téléspectateurs, certains politiques. Il tiendra tant que TPMP restera la vache à lait de C8. Mais gare aux premiers signes de faiblesse..
Indéboulonnable Nicolas de Tavernost. Il sera encore là, en 2017, pour fêter les 30 ans de M6. Le succès de la chaîne tient aussi à l'incroyable stabilité de son management. Après une belle année sur le front des audiences et des résultats financiers, la Six doit cette saison réussir le rapprochement avec les radios du groupe RTL. La chaîne la plus innovante du PAF ne compte pas s'arrêter en si bon chemin avec l'arrivée du SNL en prime, le retour de "Une ambition intime" ou encore une entrée fracassante dans la fiction française maison, notamment avec "Glacé". M6 est aussi très attendue sur les droits sportifs, un partenariat avec la FFF et TF1 pourrait lui permettre de diffuser les matches des Bleus dès 2018 ! L'Euro 2016 a achevé de convaincre la chaîne : même diffusé à pertes, le foot reste une bonne affaire pour ses antennes.
Passée sur la TNT gratuite, LCI perd encore beaucoup d'argent. Face à la toute-puissante BFMTV et la mort annoncée d'iTELE, la chaîne info du groupe TF1 a sa carte à jouer en 2017, surtout pendant la présidentielle. Elle peut compter sur Thierry Thuillier, son nouveau directeur général, passé par iTELE et surtout par la direction de l'information de France Télévisions, avant d'être évincé par Delphine Ernotte. De sa réussite à la tête de LCI dépendra son ascension au sein du groupe TF1. Beaucoup le voient déjà reprendre la direction de l'information de tout le groupe pour réformer et rénover des JT qui en ont bien besoin.
Audiences en chute libre, grille illisible : jamais Europe 1 n'avait été en aussi mauvaise posture. L'éviction de Jean-Pierre Elkabbach et les aménagements de dernière minute ne suffiront pas à faire revenir les auditeurs sur l'antenne. Arnaud Lagardère le sait et il doit frapper un grand coup la saison prochaine pour relancer durablement la station de la rue François Ier. Maintiendra-t-il Denis Olivennes à sa tête ? Le bilan du patron est contrasté et contesté en interne. Le renouveau passera sans doute par un changement de management après la présidentielle. Europe 1, qui commence à perdre de l'argent, ne peut pas rater sa future relance.