Un nouveau format sur Amazon Prime Video. A partir d'aujourd'hui, la plateforme de vidéo à la demande par abonnement détenue par Jeff Bezos lance un nouveau programme baptisé "True Story". Dans ce format, plusieurs personnalités comme Antoine de Caunes, José Garcia, le rappeur Fianso et Zahia Dehar racontent une histoire folle qu'ils ont vécue. Des interviews qui sont menées par six youtubeurs français : Cyprien, Norman, Natoo, Ludovik, McFly et Carlito (vidéastes collaborant avec Webedia, société éditrice de puremedias.com). De plus, chaque anecdote est ensuite mise en scène, par le réalisateur Ludoc, avec la participation des vidéastes. A l'occasion du lancement de ce nouveau format, Norman a accordé une interview vidéo à puremedias.com.
Propos recueillis par Florian Guadalupe.
puremedias.com : D'où est venue l'idée de "True Story" ?
Norman : "True Story" est un concept déjà existant à l'étranger, en Australie. Il marchait déjà bien là-bas. Mais, sans vous mentir, je n'ai même pas eu le temps de regarder ce programme. J'aurais peut-être dû. Quand on m'a proposé ce projet, je me suis dit : "Tiens, on va y aller à notre sauce". Je sais qu'il est un petit peu différent, parce qu'en Australie, ce n'est pas forcément des personnalités ou des célébrités qui témoignent. Mais j'ai trouvé ça excellent, simple et marrant à faire. Nous, on s'amuse à écouter les témoignages des gens. On ajoute des petites idées. On interprète. Et à la réalisation, ils interprètent aussi. Donc, quand on me l'a proposé, j'ai foncé.
"C'est un programme non-scripté : le scénario, les célébrités le donnent en racontant leurs anecdotes"
Quel est votre rôle dans la construction des épisodes ?
Premièrement, notre rôle était d'écouter ce qu'ils avaient à nous raconter. Nous devions rebondir naturellement comme dans la vraie vie. C'est un programme non-scripté. Le scénario, les célébrités le donnent en racontant leurs anecdotes. Puis, je le répète : ce que j'ai adoré faire, c'était réagir en direct aux histoires. Par exemple, je pouvais dire : "Attends, ce serait cool si le personnage était plutôt roux à ce moment-là". A la réalisation, Ludoc s'est aussi amusé à jouer avec nos propositions. Ensuite, on a participé à la partie mise en scène et à la partie fiction. Ça a été une grosse machinerie et ça a duré plusieurs semaines. Et moi, je joue quelques rôles dans différentes histoires et pas forcément dans celles que j'ai entendues, comme celle de Fianso, par exemple.
Avez-vous choisi les invités du format ?
Pas du tout. On ne les a pas choisis. Mais quand on nous les a proposés, on a donné notre avis. Moi, j'ai trouvé le cast super. Le bouquet était assez complémentaire. C'est quand même des gens qui ne se ressemblent pas forcément. Il y a des déconneurs, des gens un peu plus sérieux... On a des personnalités comme Julie Gayet et Jonathan Cohen ! Quand on me sort ces noms, j'ai envie d'écouter leurs histoires. Ce sont de sacrés narrateurs chacun dans leur style.
"Amazon n'est pas là pour censurer"
Le programme "True Story" s'est-il inspiré d'un format télévisé ?
Le format a plus été la partie des réalisateurs. J'avoue ne pas avoir trop participé à cette partie-là. Mais c'est vrai qu'ils ont sorti les gros moyens pour faire un vrai programme de divertissement. Quand on voit ces têtes d'affiche et tous les moyens qui ont été investis, je pense qu'on n'a pas envie de voir un plateau dans une chambre éclairée par une loupiotte. Ils voulaient un truc qui ait un peu de la gueule. C'est vrai que le plateau est beau. Il y a de belles lumières. Non, non, ils ont mis les moyens au truc.
Est-ce plus facile de travailler avec Amazon Prime Video qu'avec la télévision ?
Franchement, je ne dis pas ça parce que je travaille avec Amazon, mais j'adore bosser avec eux. Ils sont vraiment très modernes et dans le futur. Ils laissent les créateurs créer et ne sont pas là pour censurer. Ils nous laissent être nous-mêmes. Typiquement, dans ce programme, on a pu proposer plein de choses qui ont été retenues. Bon, je ne dis pas que je n'aime pas travailler pour la télé mais c'est autre chose. C'est un autre média. A la télé, il y a des codes particuliers. C'est vrai que ce genre de plateformes est un peu un pont entre Youtube et la télé. C'est un peu plus chiadé. Il y a un peu plus de moyens. Ce sont quand même des plateformes vidéo qui sont carrées. On sent que c'est leur métier. Et en même temps, c'est un peu plus libre que la télé.
"Je ne suis pas fermé au fait de collaborer avec la télévision"
Existe-t-il une forme de méfiance entre les youtubeurs et les journalistes ?
Moi, personnellement, je n'ai pas de méfiance particulière. D'ailleurs, je trouve que parmi les youtubeurs en France, je fais partie de ceux qui ont pas mal donné d'interviews. Je suis allé assez régulièrement sur les plateaux de télé et ça m'amuse ! Après, ce n'est pas mon monde. Mon monde, c'est plus internet. C'est plus faire les choses à la bidouille, à ma sauce. Mais non, c'est un exercice qui ne m'a jamais freiné. Peut-être parce que chaque média a ses codes. Sur internet, souvent, les vidéastes appartiennent un petit peu à leur communauté. Les gens ont le sentiment qu'ils sont propriétaires du streameur ou du youtubeur. Quand ils partent sur un autre média, ils se sentent un peu dépossédés. C'est le média qui veut ça.
Pourriez-vous collaborer de nouveau avec la télévision ?
Franchement, je ne me mets aucune barrière. Tant que le programme me plaît, je fonce. Après, il y a moins de chances car je suis plutôt attiré par des plateformes de vidéos comme Prime Video ou Youtube, parce que je sens qu'il y a une forme de liberté. Mais je ne suis pas fermé.
Pourquoi n'a-t-on pas vu votre émission sur la chaîne du Live ?
Pour être honnête avec vous, je n'ai pas eu le temps. J'étais dans la tournée de mon spectacle en Europe francophone. Entre les vidéos et ça, je n'ai pas eu le temps de m'y mettre. Je n'ai même pas eu le temps de créer le concept que j'avais à peine en tête. Donc, ça a été reporté et re-reporté. Après, il y a eu le confinement. Finalement, je n'ai pas eu l'occasion de faire quoi que ce soit. Mais très honnêtement, je n'avais même pas commencé quoi que ce soit. Donc, ça a été un peu un projet avorté pour ma part.
"On ne peut pas revenir après trois mois avec une petite vidéo toute simple"
Sur Youtube, vous continuez toujours à faire des "podcasts". N'avez-vous pas peur de vous enfermer dans ce type de format ?
Oui, bien sûr, on a toujours peur de s'enfermer. En fait, plus le temps passe, plus on se pose 1.000 questions. Est-ce que je dois faire autre chose ? Est-ce que je dois toujours faire la même chose ? Chaque fois, les gens donnent leur avis : "Tu fais trop souvent la même chose !", "Tu ne fais pas assez...". Tout est dit, tout et n'importe quoi. Et on oublie de s'écouter soi-même. A la base, tout vient de soi. Je fais vraiment tout ce qui m'amuse. J'ai toujours essayé de faire des choses variées. Si on fait l'historique de ma chaîne, on peut voir 30 formats de vidéos différents. J'ai fait des vlogs, des vidéos d'interview, de la fiction... C'est vrai que ce que je préfère faire et ce que les gens préfèrent regarder - de ce que je vois avec les chiffres et les commentaires -, ce sont les vidéos où je m'exprime sur un sujet et où je donne mon avis. Ce que les gens appellent vulgairement un podcast, même si le mot est complètement faussé parce que ça ne veut pas dire ça. Donc, pourquoi ne pas continuer ? J'essaye de faire un peu évoluer les thèmes avec ma vraie vie. Je parle du fait d'être papa. Je parle du confinement où j'essaye de saupoudrer avec un tout petit peu d'avis politique, sans que ce soit lourd et chiant.
Ressentez-vous la pression de produire des vidéos sur votre chaîne ?
Il y a une petite pression, oui, parce que les gens attendent toujours. Ils sont très gourmands. Ils veulent du contenu et ils ont raison. C'est pour ça qu'il y a de plus en plus de vidéastes sur Youtube. Moi, de mon côté, c'est vrai que si jamais je n'en fais pas régulièrement, on me dit : "T'es où ? Qu'est-ce qui se passe ?". Plus on met de temps à revenir, plus les gens sont exigeants sur la qualité. Ils ont l'impression que si on part trois mois, on va pondre un truc de ouf. On ne peut pas revenir après trois mois avec une petite vidéo toute simple. Il faut toujours occuper le terrain. Mais moi, je fais partie de ceux qui font des vidéos assez rarement. Mais j'essaye de mettre un petit peu de qualité. Donc, il y a une petite pression. Il faut essayer de ne pas trop y penser.
Avez-vous une addiction aux chiffres (nombre de vues, de likes, de commentaires, etc.) sur votre chaîne ?
Ouais. Bien sûr. C'est comme un jeu vidéo. On a envie de voir un gros chiffre en dessous de la vidéo : 10 millions ! Je sais les vidéos que je pourrais faire pour avoir toujours 10 millions. Je ne les fais pas parce que ça vulgariserait ma chaîne. Ce ne serait pas moi. J'essaye de faire un tout petit peu des deux : faire des vidéos qui vont attirer les gens puis des vidéos un peu plus de niche où je donne mon avis sur des trucs qui m'intéressent plus profondément. J'essaye de trouver un juste milieu. Mais c'est toujours cool de voir que les vidéos sont regardées.
"J'ai envie de relancer le format 'Une journée avec' prochainement"
Avez-vous prévu une suite à votre série "Le Talisman" ?
Ouais. Elle aura une suite. Ce sont des vidéos qui sont compliquées à faire quand on est en indépendant sur Youtube. J'ai tout financé moi-même, sans sponsors, avec mon argent. Argent que j'ai majoritairement gagné avec mes vidéos Youtube d'ailleurs. Il n'y a aucun retour sur investissement. Zéro. Je ne vais pas en faire 36.000, mais je pense qu'on va clôturer la saison avec un très bel épisode qu'on est en train d'écrire en ce moment.
Vous aviez fait un format, "Une journée avec", que vous aviez lancé avec Jamy Gourmaud. Comptez-vous relancer le format avec d'autres personnalités ?
C'est un format que j'ai adoré faire. J'ai trop envie de recommencer avec des personnalités, mais aussi avec des gens pas forcément connus, qui ont des trucs à raconter. Il y en a plein des gens hors normes. J'ai envie de relancer ça prochainement.
Comptez-vous vous lancer sur les nouvelles plateformes prisées des jeunes comme Tiktok ou Twitch ?
Moi, je me suis amusé à tout essayer. A titre anecdotique, j'ai essayé Twitch, j'ai trouvé ça excellent. Tu es à la maison. Tu te connectes. Il y a des gens qui te regardent. Tu parles avec eux. C'est vraiment un concept très excitant à faire. En toute humilité, c'est vraiment un métier. Je vois les twitcheurs professionnels qui font ça super bien. Pour avoir essayé, je sais à quel point c'est technique et j'admire ceux qui font ça. Je ne pourrais pas le faire. Et ça demande trop de temps ! J'en ferai peut-être un tout petit peu pour m'amuser, car j'ai quand même 100.000 suiveurs ! Tiktok, pareil. J'en ai fait deux, trois. Ils ont d'ailleurs plutôt marché. Mais je pense qu'on ne peut pas tout faire. Moi, j'ai Youtube, la scène et les programmes comme "True Story". Ça me prend déjà beaucoup de temps. Je ne suis pas un sur-homme !