Un visage à moitié arraché parmi les gravats, maculé de sang, la barbe grisonnante taillée en pointe... Voilà de quoi devra se satisfaire le lecteur de Paris Match jeudi prochain pour croire qu'il s'agit bien du cadavre d'Abou Zeid, chef d'Al-Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi) au Nord Mali. Du moins, c'est ce que l'hebdomadaire affirme : "Abou Zeid : la photo qui confirme sa mort". Le journal rapporte les propos du journaliste tchadien Abdelnasser Garboa, qui dit "l'avoir reconnu immédiatement". Mais la même photo du cadavre mutilé avait déjà été présentée par RFI comme étant celui, présumé, de Mokhtar Belmokhtar.
Des deux côtés, les sources se veulent sérieuses... mais divergentes. Chez Paris Match, outre la confirmation du journaliste tchadien, on affirme que c'est "L'officier [tchadien] qui l'avait prise deux jours plus tôt, le samedi 2 mars, avec le petit appareil numérique qu'il porte dans un étui à sa ceinture".
Du côté de RFI, la même photo aurait été "prise par l'envoyé spécial de RFI à Tessalit dans l'extrême nord-est du Mali". Les militaires tchadiens qui ont combattu sur place affirment qu'il s'agit de Mokhtar Belmokhtar. La radio internationale précise par ailleurs qu'il n'y a "aucune confirmation définitive que cette image est bien celle du jihadiste". Elle se contente de préciser que selon le président tchadien Idriss Déby, Mokhtar Belmokhtar a été tué lors de ces affrontements. Celui-ci a affirmé lundi que ses troupes avaient abattu celui qu'on surnomme "le borgne", soit Mokhtar Belmokhtar, et que sa dépouille, ainsi que celle d'Abou Zeid, n'ont pas été exposées en accord avec les principes musulmans.
En publiant ce cliché, Paris Match prend un sacré risque, celui d'être manipulé. C'est ce qui était arrivé à de nombreux médias appâtés par la photo prétenduemment officielle de la mort de Ben Laden en 2011 qui n'était, en fait, qu'un vulgaire montage.