Nouveau challenge pour Pascal Praud. Dès lundi prochain, le présentateur reprend les rênes de l'émission emblématique de RTL, "Les auditeurs ont la parole", diffusée de 13h05 à 14h tous les jours. Les auditeurs pourront interagir avec le journaliste par téléphone au 3210 ou via la page Facebook de l'émission. Pascal Praud sera également à l'antenne de CNews la semaine prochaine avec ses deux émissions, "L'heure des pros" et "20h Foot". puremedias.com a interrogé le journaliste sur sa rentrée.
Propos recueillis par Florian Guadalupe.
puremedias.com : Comment abordez-vous cette rentrée avec cette nouvelle émission sur RTL, "Les auditeurs ont la parole" ?
Pascal Praud : C'est une émission importante de RTL. Une émission historique. C'est l'une des plus anciennes de la grille. Elle a été lancée en 1985. C'est Alain Krauss qui l'a lancée. Il y a eu des journalistes prestigieux qui l'ont présentée. Je pense à Jean-Jacques Bourdin jusqu'à Stéphane Carpentier et Christelle Rebière. J'ai envie de résumer cette émission à travers une phrase : "Parlez-moi de vous, il n'y a que ça qui m'intéresse". J'ai vraiment envie que les gens, au-delà de donner leur opinion sur l'actualité, témoignent de leur vie personnelle. Qu'ils nous racontent leur actualité au quotidien.
"Ce qui intéresse le grand public, ça m'intéresse."
Qu'avez-vous prévu d'évoquer lundi prochain ?
Par exemple, on va faire un thème, entre autres, qui sera "les vacances en famille". On sort tous d'une période de vacances. C'est parfois difficile de vivre avec des ados quand ils rentrent à 6h du matin et qu'ils se lèvent à 17h. C'est difficile de vivre de temps en temps avec des ados qui sont sur leur portable matin, midi et soir. J'ai envie d'entendre les uns et les autres sur ce sujet. Des témoignages de la vie quotidienne. C'est ça qui m'intéresse. De la même manière, j'entendais quelqu'un cet été qui m'expliquait qu'il ne prenait pas les autoroutes, parce que ça coûtait trop cher. J'ai envie d'entendre cette réalité, qui n'est pas toujours montrée. "Les auditeurs ont la parole", c'est pour montrer la vie au quotidien, avec de l'opinion et une part de ce qu'ils voudront parler. S'il y a un sujet demandé au standard et qu'il n'a pas été évoqué durant la matinale, on pourra ouvrir l'antenne pour ces gens, s'ils veulent en parler. On va essayer d'enrober ça avec de la bonne humeur, de la bienveillance, de la réactivité et, pourquoi pas, de la contradiction.
Comment allez-vous apporter votre patte à cette émission qui existe depuis plus de 30 ans ?
C'est au pied du mur qu'on voit le maçon, comme dirait l'autre. C'est toujours difficile à conceptualiser avant. Il y a une chose qui ne me permet pas encore de répondre à votre question, c'est que je n'ai pas été au contact des auditeurs. On va voir. De ce contact, de ce dialogue, de cet échange naîtra une émission qui sera à la fois intéressante, rigolote et qui plaira au plus grand nombre. Je sais que j'ai un ADN populaire depuis toujours. Je sais d'où je viens. Je connais ces sujets qui peuvent intéresser intuitivement le plus grand nombre, parce que moi-même je m'y intéresse. Editorialement, je n'aurai aucun mal à faire cette émission. Ce qui intéresse le grand public, ça m'intéresse ! Le prix des fruits et légumes, ça m'intéresse. Ce qui est intéressant, c'est qu'ils témoignent. C'est de l'information !
Serez-vous seul dans le studio ?
L'idée est d'associer à l'émission les experts de la rédaction et que je sois, auprès d'eux, le premier auditeur. Je peux aussi me mettre à la place de l'auditeur et leur poser des questions, qui, pourquoi pas, peuvent être dérangeantes pour les experts. Par exemple, sur l'affaire Benalla, si j'avais fait "Les auditeurs ont la parole" pendant l'affaire, peut-être que j'aurais dit aux experts politiques : "Peut-être qu'on en fait trop ? Est-ce que ça va vraiment faire trembler la République ?". Ce rôle-là, je peux le tenir, comme je ne présente pas le journal. Ce serait difficile de présenter le journal pendant un quart d'heure et dire ensuite que j'en ai trop fait. Les experts de la rédaction seront associés régulièrement et dès ce lundi.
"Au-delà des grandes opinions, quand quelqu'un te dit à l'antenne qu'il ne prend pas l'autoroute pour économiser 10 euros, ça te renvoie à toi, à ton salaire, à ta vie."
A travers cette émission, avez-vous le sentiment de pouvoir relayer la parole des Français ?
C'est une seule parole qui sera relayée. En tout cas, ce sera un éclairage. Le but est de trouver des gens qui représentent la société. Quand je parlais des ados tout à l'heure... Aujourd'hui, quand on sort de vacances et qu'on parle à droite, à gauche, on est quand même surpris des comportements des ados. J'entends les parents qui sont parfois démunis. L'autorité ne passe plus. C'est intéressant ! C'est toujours intéressant quand les gens acceptent de parler d'eux. Plus on touche au personnel, plus on touche à l'universel. C'est un truc auquel je crois.
A l'heure où les émissions de débat avec des experts fleurissent un peu partout dans les médias, n'est-ce pas également important de recueillir les avis des auditeurs lambdas sur l'actualité ?
Je suis d'accord avec vous. Mais quand vous dites l'avis, je dis la vie. Je trouve ça encore plus important que leur avis. Je trouve que c'est vraiment ça qui est intéressant. Il faut avoir ce témoignage des gens qu'on n'entend pas toujours. Au-delà des grandes opinions, quand quelqu'un te dit à l'antenne qu'il ne prend pas l'autoroute pour économiser 10 euros, ça te renvoie à toi, à ton salaire, à ta vie. On prend conscience que tout le monde ne vit pas de la même manière. Cet exemple est marquant. Je n'ai jamais entendu dans un débat quelqu'un dire ça. C'est comme ça qu'on peut s'enrichir, se nourrir.
N'êtes-vous pas déçu de ne plus de traiter de sport sur RTL ?
Non. Ca faisait très longtemps à RTL que je traitais le sport. Déjà, je laisse "On refait le match" dans de bonnes mains, avec Denis Balbir. Puis, c'est vrai que ça fait longtemps que je fais du foot sur RTL. Je suis entré à RTL en 2000. Depuis 17 ans, j'ai fait tous les "On refait le match". Je l'ai d'abord fait avec Eugène Saccomano en étant chroniqueur, puis après j'ai pris sa succession. C'est un bail de 17 ans. RTL m'a proposé de faire "Les auditeurs ont la parole". Dans ces cas-là, je ne vais pas être à l'antenne du lundi au samedi, en deux spécialités différentes. Je trouve que c'est bien de se concentrer sur les auditeurs et de mettre toute son énergie dans une émission quotidienne.
Vous ne quittez pas totalement le sport, puisque dès lundi, vous reprenez "20h Foot" sur CNews.
Exactement. C'est pour ça que je ne perdrai pas totalement le foot. Et je fais aussi l'émission du matin, "L'heure des pros", qui, pour le coup, n'a aucun rapport avec "Les auditeurs ont la parole".
"Je me mets toujours du côté du téléspectateur et de l'auditeur"
Comment abordez-vous d'ailleurs votre rentrée sur la chaîne info ?
L'année dernière, "L'heure des pros" a très bien marché. On souhaite être sur la lancée de l'an passé, avec une émission de décryptage, de débat et d'éditorialisation de l'actu. "Les auditeurs ont la parole", c'est une émission qui est très différente. Je mettrai l'accent sur le testimoniale, parce que ça m'intéresse.
Dans "L'heure des pros", votre chroniqueur, Clément Viktorovitch, sera-t-il encore présent dans l'émission ?
Non, il passe l'après-midi chez Laurence Ferrari. Du coup, je cherche un nouveau chroniqueur. Lundi, vous allez voir un profil assez semblable, un garçon qui s'appelle Benjamin Morel. Il est professeur à Sciences Po. Il est vraiment très proche de l'état d'esprit de Clément. Il faut qu'il en ait envie et qu'il soit compatible. Quand Clément nous a quittés début juin, Gérard Leclerc avait joué un peu ce rôle. C'est vrai que ce rôle est très important. Je me suis rendu compte lors des vacances, en discutant avec les gens, que Clément avait "imprimé" dans l'émission. Parce qu'il est bon. Au-delà qu'il soit bon, ce qui était bien, c'était la relation qu'on avait tous les deux. Il me permettait d'être encore plus en liberté. Il était capable d'apporter ce que je n'avais pas toujours sur des débats. On était très complémentaires.
Vous aviez chacun votre rôle...
Oui, les gens ne le perçoivent pas toujours, il y a une part de distribution des rôles. Je me mets toujours du côté du téléspectateur et de l'auditeur. Je ne fais pas ce métier pour avoir de bons papiers. Je fais ça parce que ça me fait plaisir d'être de ce côté-là. Je suis conscient que parfois je pose des questions et que je sais les réponses. Mais je n'ai pas de souci à me dire : "On va me juger. Qu'est-ce que les gens vont penser ?" Franchement, je m'en fous ! Ce que je veux, c'est faire une émission. C'est de la télé ce qu'on fait, c'est de la radio. Ce n'est pas le Collège de France. Je le dis toujours et tout le temps. Le pire, c'est d'ennuyer les gens. Ca ne veut pas dire que le Collège de France, c'est ennuyeux. Donc, effectivement, la radio et la télé, ce n'est qu'un éclairage. Sur un domaine, si tu veux en savoir davantage, tu vas lire un livre et tu vas lire des papiers très longs. On sait très bien que c'est une photographie. Il ne faut pas prendre les gens pour des imbéciles. Les gens savent très bien que c'est de la télévision. C'est une manière d'aborder un sujet. Mais c'est vrai que j'essaie de mettre de la pédagogie dans mes émissions. Je ne sais pas si j'y arrive toujours. (rires)
"J'aimerais que Laurent Wauquiez vienne dans 'L'Heure des pros'"
Lors de notre précédente interview fin avril, vous me disiez que vous vouliez recevoir plus de politiques dans votre émission. Avez-vous réussi à en convaincre certains pour la rentrée ?
J'aimerais que Laurent Wauquiez vienne. Ce sera la mission pour "L'Heure des pros" de convaincre les politiques de venir. Mais ce n'est pas facile. Moi, je pense qu'ils ont peur. Ils préfèrent être en tête à tête avec un journaliste. Je pense qu'il faut mieux être avec un groupe de quatre personnes où ils peuvent être mis en difficultés. Plus ils sont mis en difficulté, plus ils sont meilleurs. Les communicants autour d'eux doivent leur dire de faire attention. On va voir si je réussis ce pari.
LCI a reconstruit une partie de sa grille pour la rentrée, avec notamment une émission de débat à la même heure que la vôtre. N'avez-vous pas peur de cette nouvelle concurrence ?
C'est comme dans le championnat de France de Ligue 1. T'as des équipes qui se renforcent et puis, tu repars à zéro. Le championnat recommence. Après, tu vas essayer d'être plus pertinent et d'être meilleur que les autres.
Que pensez-vous de la stratégie de recrutement de LCI avec une pléiade de nouveaux débatteurs comme Gérard Miller, Yassine Belattar ou Rokhaya Diallo ? Est-ce que LCI n'essaye pas de faire du CNews ?
Ce n'est pas à moi de le dire. Je n'entre pas là-dedans.