L'heure de la contre-attaque a sonné pour BFMTV. Le propriétaire de la chaîne, Alain Weill, a organisé aujourd'hui à Paris une conférence de presse pour dire tout le mal qu'il pensait de la possible arrivée sur la TNT gratuite de trois nouvelles chaînes. Rappelons que le groupe TF1 a déposé en janvier auprès du CSA une demande de passage de sa chaîne d'information, LCI, de la TNT payante à la TNT gratuite. Le groupe M6 a fait une demande similaire en février pour Paris Première et Canal+ s'apprêterait à les rejoindre avec sa chaîne Planète+. Autant de raisons pour Alain Weill de réagir aujourd'hui publiquement.
Epaulé par l'état-major de BFMTV, Hervé Béroud (directeur de l'information) et Guillaume Dubois (directeur général), mais aussi par quelques présentateurs vedettes de la chaîne comme Jean-Jacques Bourdin, le PDG de NextradioTV (propriétaire de BFMTV) a fait distribuer à la presse un document d'une trentaine de pages exposant ses 10 raisons de s'opposer aux projets de ses concurrents.
S'appuyant sur divers graphiques savamment préparés par ses équipes, Alain Weill a ainsi expliqué que les passages de LCI, Paris Première et Planète+ en gratuit ne feraient que renforcer le poids déjà très important de TF1, M6 et Canal+. Le patron de NextradioTV a ainsi rappelé qu'à eux trois, ces groupes audiovisuels historiques représentent déjà 2/3 du total des chaînes privées disponibles sur la TNT gratuite, mais aussi 80% du marché publicitaire et près de 90% de l'audience des chaînes privées de la TNT gratuite. Leur renforcement avec de nouveaux canaux constituerait donc, selon Alain Weill, une "grave menace pour l'existence des groupes indépendants" comme le sien.
Lors de son intervention, le PDG de NextRadio TV a surtout visé TF1. A l'en croire, l'arrivée de LCI en gratuit condamnerait de facto les trois chaînes d'information alors disponibles, (BFM, i-Télé et LCI) à être déficitaires. L'homme d'affaires a aussi tenu à battre en brèche l'argument du pluralisme de l'information mis en avant par TF1 pour défendre la candidature de LCI. Selon lui, le groupe de Nonce Paolini "totalise d'ores et déjà, avec ses journaux télévisés 13,2 millions de téléspectateurs par jour, soit 31% de parts de marché du secteur de l'information TV". Un passage de LCI en gratuit ne ferait donc qu'accroître encore un peu plus la position dominante de la Une en matière d'information.
Au final, Alain Weill s'est déclaré "inquiet mais confiant". Confiant dans l'indépendance du CSA et dans sa bonne réception de ses arguments, selon lui, "incontournables". Le patron de BFMTV ne s'est d'ailleurs pas privé de rappeler que les Sages de l'audiovisuel s'étaient déjà déclarés par le passé contre l'arrivée de LCI et de Paris Première sur le gratuit invoquant à l'époque les mêmes arguments développés aujourd'hui par BFMTV.
Alain Weill a par ailleurs confirmé qu'une plainte était en cours auprès des autorités européennes dans ce dossier. Il a également expliqué que d'autres procédures pourraient suivre en fonction de la décision rendue par le CSA. L'institution d'Olivier Schrameck a, de son côté, fait savoir qu'elle se prononcerait sur le cas LCI avant la fin du printemps 2014.