"Objectif Top Chef" est de retour ce soir à 18h35 sur M6. Pour sa troisième saison, Philippe Etchebest repart sur les routes de France et des pays voisins pour dénicher les meilleurs apprentis et sélectionner au bout du processus un des candidats de la prochaine saison de "Top Chef". Pour apporter un peu de piquant à cette nouvelle édition, la production a prévu de piéger son chef au cours de caméras cachées, et les candidats lui lancent même parfois des défis ! Et la mécanique évolue également : les deux meilleurs candidats de chaque émission s'affrontent désormais lors d'une battle. Une nouvelle dynamique que le chef a évoquée auprès de puremedias.com.
Propos recueillis par Charles Decant.
Cette année, l'émission met vraiment l'accent sur le côté humoristique, notamment avec les caméras cachées...
C'est vrai qu'il y avait cette idée de rendre les choses plus drôles, mais en fait, je me suis dit "La première année, on n'a pas arrêté de faire les cons et ils n'ont rien montré" ! On a fait des trucs fous ! On a ri, il y avait cette espèce de fraîcheur, de nouveauté. Ce que vous allez voir dans cette nouvelle saison, on aurait pu faire pareil la première année. Globalement, il n'y a pas eu à forcer ! C'était facile !
Vous vous amusiez déjà l'an dernier, notamment à faire douter les candidats...
Oui, on l'a toujours fait ! Mais là, ça va plus loin. Les candidats vont plus loin, ils me lancent des défis, et il y a des caméras cachées que font la prod. Il y a eu plein de petits trucs qui ont été de vraies surprises et qui ont ramené très certainement une nouveauté.
Vous ne saviez pas du tout que la production allait vous piéger ?
Pas du tout ! Ca fait des années que je tourne avec Thomas Payet, le producteur de l'émission, on se connaît bien et on n'arrête pas de faire des conneries. On se piège l'un l'autre en dehors de l'émission ! Seulement, là, il m'a bien eu ! La dernière chose que je lui ai faite, c'était du grand art - mais je ne peux pas raconter ! (Rires) Je lui ai tendu un piège, c'était sur l'émotion, il m'a dit que j'étais allé trop loin... J'ai fait semblant de pleurer, il a cru que je pleurais vraiment ! Mais là, dans "Objectif Top Chef", c'est lui qui a eu le dernier mot...
Et au moment où la saison se préparait, vous étiez dans les discussions ?
Non, pas du tout. Je monte dans la voiture, on y va, roule ma poule ! Ce sont eux qui réfléchissent aux évolutions, il y a forcément toujours besoin d'amener de la nouveauté dans un programme. D'autant qu'on est sur une troisième saison, donc les candidats connaissent mes exigences, mes attentes...
Vous avez vu dans leur cuisine qu'ils avaient regardé les saisons précédentes ?
Oui, ça se sent ! Parmi les assiettes, il y a eu des très, très bonnes notes. Mais comme la mécanique a changé, je leur ai dit que leur très belle assiette, ce n'était pas le plus important. Tout se joue sur la battle. C'est là que ça démarre. Les conditions ne sont pas les mêmes, la pression non plus. C'est ça, "Objectif Top Chef", réagir dans une situation de concours, gérer des problèmes, parce qu'il y en a toujours. C'est vachement dur !
Quelles sont leurs faiblesses ?
Les classiques et les bases, en fait. Quand on leur demande, c'est la panique ! C'est la cata ! Demandez-leur d'être créatif, là, ça y va. Mais quand je leur demandais un truc précis, en revanche...
Dans "Objectif Top Chef", vous avez un rôle un peu différent de celui de "Cauchemar en cuisine", on est davantage dans la transmission. Ca a joué dans votre décision d'accepter l'émission il y a deux ans ?
Oui, parce que ça me renvoyait à autre chose. Tout le monde ne saisit pas la stratégie, la subtilité de mes gueulantes. Moi, je sais où je veux aller. Et comme on m'a connu dans "Cauchemar en cuisine", "Objectif Top Chef" montre une autre facette de moi. Mais ma colonne vertébrale reste la même : la rigueur, le travail - dur parfois mais juste. C'est l'essence-même de ce que je suis, ce que je fais. L'intonation n'est pas la même dans "Cauchemar" et dans "Objectif Top Chef", mais le fond est le même. Je ne vais pas parler de la même manière à des gamins et à des gens qui sont en dépression, au fond du gouffre.
Avant de vous lancer dans ces programmes, vous aviez anticipé qu'il y aurait une dimension à ce point "sociale" et psychologique ? Surtout dans "Cauchemar en cuisine", où les gens ont vraiment besoin d'aide...
Non, je ne pensais pas. Le premier "Cauchemar en cuisine", je ne savais pas s'il allait me foutre sur la gueule ! J'y allais un peu à tâtons, mais aujourd'hui je sais comment il faut faire. J'ai énormément appris, sur moi, sur les autres, sur le comportement humain. C'est une expérience enrichissante, forcément. Mais c'est vrai que je n'avais pas anticipé ça, ce côté social, et je le constate aujourd'hui avec tous les courriers que je reçois.
Quel genre de courriers ?
Des gens qui sont en détresse, mais même sans rapport avec la cuisine ! Vous n'imaginez pas ce que je reçois... Mais je ne peux pas répondre et je ne réponds pas. Parce que des fois, je touche le fond du fond. Ce qu'on me demande... C'est incroyable. Les gens pensent que je vais les sauver ! Mais je ne suis pas magicien...
Comment vous gérez toutes ces émotions très fortes ?
Un psychologue qui est venu un jour dans mon restaurant m'a demandé si je travaillais avec un psychologue. Il m'a dit "Attention, vous absorbez beaucoup d'émotion, vous êtes une éponge, mais ça peut se retourner contre vous si vous accumulez trop"... Mais j'ai la capacité de zapper. Je vais quelque part, j'ai une mission, je la mène à bien, et je zappe. Je pense que c'est ça qui me fait avancer, et qui me fait tenir aussi.