La Commission des Sondages avait durci le ton lors des dernières semaines de la campagne présidentielle, allant même jusqu'à menacer les médias et même les internautes d'une lourde amende en cas de divulgation des résultats avant 20h. Certains journaux, comme Libération, avaient déclaré vouloir publier les résultats avant la limite imposée par la loi, avant de faire machine arrière. C'est finalement l'Agence France-Presse (AFP) qui a publié le 22 avril, dès 18h50, une dépêche donnant les premières estimations des résultats du premier tour.
Emmanuel Hoog, le PDG de l'AFP, qui était dernièrement l'invité du Buzz Média Orange-Le Figaro a justifié cette action : "C'est une décision mûrement réfléchie avec l'ensemble de la rédaction de l'agence. Nous avons le sentiment que nous n'avons absolument pas enfreint la loi puisque nous sommes dans un cadre contractuel avec nos clients".
En effet, l'AFP n'a pas diffusé les résultats directement, mais seulement à ses abonnés, qui avaient alors le choix de les diffuser ou pas. Emmanuel Hoog rappelle que la grande majorité des abonnées de l'agence sont étrangers : "L'AFP est une agence mondiale, qui a sept fois plus de clients à l'étranger qu'en France (...) Il aurait été paradoxal qu'il faille s'adresser à des agences étrangères pour connaître les résultats de l'élection présidentielle française".
Concernant le risque d'amende pouvant atteindre 75.000 euros, le PDG de l'AFP n'a pas l'air inquiet : "La présomption d'innocence existe. Il y a des arguments de droit et notre pratique est conforme à la convention européenne des droits de l'homme". Il confirme entre autres avoir été entendu par la police, mais assure ne craindre "aucune amende". De nombreux journalistes, comme Anne-Sophie Lapix, et même figures politiques estiment qu'il faudrait fermer les bureaux de vote à la même heure partout en France, afin d'éviter des problèmes similaires lors des prochaines élections, et ainsi venir à bout d'une loi que beaucoup considèrent archaïque.