Ca s'agite autour des temps de parole. Ces dernières jours, plusieurs responsables politiques n'ont pas caché leur mécontentement alors que doit prochainement être adoptée une proposition de loi organique du groupe PS soutenue par le gouvernement.
Présenté pour une dernière lecture au Sénat après-demain, ce texte s'attaque notamment à la question éminemment sensible du temps de parole des différents candidats à l'élection présidentielle. La proposition de loi prévoit ainsi que ces derniers soient désormais régis par le principe d'équité et non plus d'égalité durant la période dite "intermédiaire". D'une durée d'une vingtaine de jours, ce laps de temps s'étend du jour de la publication de la liste officielle des candidats au lundi précédant de deux semaines le premier tour de scrutin. Cette période intermédiaire d'équité médiatique sera suivie par la période dite de "campagne officielle"* de la présidentielle, toujours régie, elle, par une stricte égalité des temps de parole entre les candidats.
Avec cette proposition, le groupe socialiste entend ainsi suivre les recommandations faites ces derniers mois par plusieurs plusieurs autorités administratives dont le CSA. Dans un rapport publié en septembre 2015, l'institution présidée par Olivier Schrameck constatait en effet que le principe d'égalité des temps de parole était particulièrement contraignant pour les médias et avait pour effet pervers de diminuer le temps de parole des candidats, les chaînes de télé craignant de ne pas pouvoir garantir l'égalité entre tous.
Le changement de règle qui s'annonce a déjà suscité la colère de nombreux probables candidats à la magistrature suprême en 2017, de droite comme de gauche. "Pourquoi ne pas réduire directement le débat à deux candidats ?", a ainsi ironisé Jean-Luc Mélenchon dans Le Parisien (article payant). "Quand on est qualifié pour l'élection, tous les candidats doivent être à égalité", a de son côté fait valoir Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France, tandis que Jean Lassalle, candidat déclaré du Centre a fustigé, lui, "un grand coup de matraque".
Il faut dire que ce changement de règles ne devrait pas être favorable à certains d'entre-eux. Avec le principe d'équité, le temps de parole de chacun est en effet évalué notamment en fonction de sa représentativité dans le débat public. Cette dernière est appréciée au regard des résultats obtenus par le candidat ou son parti aux plus récentes élections mais aussi en fonction des indications données par les enquêtes d'opinion. Rien de très rassurant pour certains candidats en difficulté ces dernières années et qui ne manqueront sans doute pas de dénoncer, y compris durant la campagne, le bâillonnement dont ils se sentiraient les victimes.