L'ambiance se tend entre les deux patrons de France Télévisions et du groupe M6. Mardi 4 juin, le premier coup avait été décoché par le second. Dans une interview au "Monde" accordée à la veille de l'ouverture des Assises de l'audiovisuel, Nicolas de Tavernost avait mené une violente charge à l'encontre du service public : "Quand on regarde France 4, le service public fait des choses que le secteur commercial pourrait assurer. Il faudrait une redéfinition plus stricte du secteur public. Ce sont des questions de taille et d'organisation". Avant de lâcher: "D'ailleurs, l'entreprise France Télévisions me paraît une absurdité".
Des propos qui n'ont pas été appréciés par le président de France Télévisions. Invité par Marc-Olivier Fogiel à réagir sur RTL, Rémy Pflimlin, visiblement tendu, n'a pu cacher son exaspération : "Que Nicolas de Tavernost s'occupe de ses programmes, je crois qu'il en a besoin aujourd'hui. Moi, je m'occupe des miens, hein ! (...) Qu'on ne me fasse pas de leçons sur ce que j'ai à faire".
Une référence à peine voilée aux mauvaises audiences de M6 en mai. Avec 10% de part de marché, la chaîne de Nicolas de Tavernost a réalisé le mois dernier son plus mauvais score de la saison. Première cause de ces mauvais résultats, l'access de la chaîne, en difficultés depuis plusieurs mois. "Un dîner presque parfait", "100% Mag", "Le 19.45" et "Scènes de ménages" sont ainsi en recul, surtout entre 17 et 20 heures. En prime, "Un air de star" peine à convaincre, tout comme la nouvelle saison de "Pékin Express". Un bilan à nuancer par le succès de certains programmes comme "Body of proof" ou "Top Chef" qui a bien fini sa course.
Lors de son interview, Rémy Pflimlin a par ailleurs confirmé une nouvelle fois l'arrêt de "Taratata" en raison de son mauvais ratio audience-coût. Le PDG de France Télévisions a également tenu à réfuter l'idée selon laquelle les coupes budgétaires actuelles affectent uniquement les émissions culturelles. Rappelant qu'il faisait des économies sur tous les postes de dépenses, Rémy Pflimlin a précisé que les suppressions récentes de plusieurs émissions comme "Chabada" ou "Des mots de minuit" ont été décidées "pour pouvoir en créer de nouvelles".