Annus mirabilis. Quelques jours après l'annonce des résultats financiers particulièrement moroses de TF1, c'était au tour de sa meilleure ennemie, M6, de dévoiler les siens hier. Et, comme attendu par les observateurs, le contraste est criant. Alors que la Une fait grise mine et rêve désespérément de la rentabilité de la Six, cette dernière a largement de quoi sabrer le champagne. En effet, sur l'ensemble de l'année 2016, le groupe dirigé par Nicolas de Tavernost affiche des résultats exceptionnels à plus d'un titre.
Porté par un contexte qui lui a été très favorable, le groupe peut se targuer d'afficher un bénéfice net en hausse de 33% à 152,7 millions d'euros. Une somme trois plus élevée que celle de sa rivale, TF1, dont le bénéfice net est évalué à 42 millions d'euros. Cette performance de rentabilité est d'autant plus exceptionnelle que M6 affiche un chiffre d'affaires de 1,28 milliard d'euros (en hausse d'environ 2%), nettement moins élevé que celui de sa rivale qui culmine à 2 milliards d'euros de CA.
En revanche, si le groupe peut se targuer d'enregistrer un résultat opérationnel courant (dit Ebitda) à un niveau record de 245,5 millions d'euros, celui-ci doit être considéré en égard à l'indemnité de 42 millions d'euros perçue par la chaîne suite à l'arrêt de la commercialisation de l'offre M6 Mobile by Orange. Néanmoins, à l'exclusion de cette donnée, le résultat opérationnel courant atteint 203,5 millions d'euros, parvenant à progresser malgré le surcoût de 28 millions d'euros lié à la co-diffusion de l'Euro 2016. Comme le précisent nos confrères du "Figaro", c'est la première fois dans l'histoire de la télévision qu'une chaîne gratuite n'est pas plombée par le surcoût d'une compétition sportive majeure.
L'interprétation de ces chiffres ne saurait être complète sans mentionner que la rentabilité exceptionnelle du groupe M6 doit se lire en considérant ses excellentes performances sur le marché publicitaire. Ainsi, en 2016, le groupe affiche un cumul de 853,3 millions d'euros de recettes publicitaires, en hausse de près de 5% sur un an. La Six réalise ainsi le meilleur chiffre d'affaires publicitaire de son histoire, s'octroyant une part de marché record de 24,3%. Seule (petite) ombre à ce tableau réjouissant : Les diversifications, éternellement plombées par les mauvais résultats des Girondins de Bordeaux, accusent une baisse de près de 9 millions d'euros (-2,6%), impactant ainsi le chiffre d'affaires non publicitaire du groupe.
Au bilan, ces performances historiques ne sont pas vraiment surprenantes. En 2016, les trois chaînes gratuites du groupe - M6, W9 et 6ter - affichent une part d'audience globale en hausse de 0,5 point, à 14,1%, permettant à M6 d'être le seul groupe historique à progresser auprès de l'ensemble du public. Mieux encore, sur la cible commerciale (les FRDA-50), le groupe grimpe à 22,2% de part d'audience (+0,9 point), réduisant à nouveau l'écart qui le sépare des cinq chaînes du groupe TF1 (32,1% sur la cible). De quoi permettre à Nicolas de Tavernost, qui vient d'être reconduit pour trois ans à la tête du groupe, d'envisager sa succession avec la plus grande sérénité.