La confrontation entre "Charlie Hebdo" et "Médiapart" prend un tour dramatique. Aujourd'hui, le journal satirique a décidé de répondre à Edwy Plenel. Dans son viseur, une déclaration faite par le patron de "Médiapart" sur franceinfo le mercredi 8 novembre dernier.
Réagissant à la Une de "Charlie" dénonçant son attitude vis-à-vis de Tariq Ramadan, le patron de "Médiapart" avait eu cette phrase : "La Une de 'Charlie Hebdo' fait partie d'une campagne plus générale que l'actuelle direction de 'Charlie Hebdo' épouse. Monsieur Valls et d'autres, parmi lesquels tous ceux qui suivent Monsieur Valls, une gauche égarée (...), alliée à une droite, voire une extrême droite identitaire, trouvent n'importe quel prétexte (...) pour en revenir à leur obsession : la guerre aux musulmans, la diabolisation de tout ce qui concerne l'islam et les musulmans", avait dénoncé Edwy Plenel. Refusant de qualifier "Charlie Hebdo" d'islamophobe, le patron de Médiapart avait expliqué n'en penser pas moins. "Je n'ai pas besoin d'adjectif, tout le monde l'entend", avait-il ainsi commenté.
Visiblement profondément heurté par cette déclaration, Riss, le directeur de la publication de "Charlie Hebdo", a décidé de consacrer l'intégralité de son éditorial à cette phrase du patron de "Médiapart". "Cette phrase, 'La Une de Charlie Hebdo fait partie d'une campagne générale de guerre aux musulmans', nous ne l'oublierons jamais", annonce ainsi solennellement Riss dans un texte d'une rare dureté. Expliquant que son journal "n'a nulle envie de faire la guerre à quiconque", le caricaturiste rappelle au début de son édito que 'Charlie Hebdo' "respecte le droit de chacun de croire et de pratiquer sa religion dans le cadre défini par la République".
"Cette phrase (...), nous ne la pardonnerons jamais", poursuit Riss. "Car en la prononçant, Plenel condamne à mort une deuxième fois 'Charlie Hebdo'. Cette phrase n'est plus une opinion, c'est un appel au meurtre", lâche l'un des rescapés de la tuerie du 7 janvier 2015. Et d'accabler un peu plus Edwy Plenel : "Cette phrase, qui désigne "Charlie Hebdo" comme un agresseur supposé des musulmans, adoube ceux qui demain voudront finir le boulot des frères Kouachi. Cette phrase, qui parle de notre journal satirique comme d'une arme de guerre, acquitte déjà ceux qui nous tueront demain".
Riss conclut : "Si demain on nous liquide tous, si demain nous ne sommes plus là, espérons qu'il subsistera quelques courageux qui demanderont justice contre ceux qui nous auront frappés, mais aussi contre les esprits qui les auront armés".