Il n'y va pas de main morte. Jeudi soir, lors d'une conférence organisée à New-York par l'association de lutte contre l'antisémitisme ADL (Anti-Defamation League), Sacha Baron Cohen a chargé véhément la politique des réseaux sociaux comme Facebook et Twitter et les géants du numériques tels que Youtube et Google. Selon lui, ces mastodontes du web ont facilité "la haine et la violence" et représentent la "plus grande machine de propagande de l'histoire".
"Je pense qu'il est temps de repenser fondamentalement les médias sociaux et de déterminer comment ils propagent la haine, les complots et les mensonges (...) La vérité est que ces entreprises ne changent pas parce que tout leur modèle d'entreprise repose sur l'augmentation de l'engagement, et rien ne génère plus d'engagement que le mensonge, la peur et l'indignation", a déclaré Sacha Baron Cohen, alors qu'il recevait le Prix du "Leadership international" pour avoir "brillamment utilisé la satire pour dénoncer le racisme, l'islamophobie et l'antisémitisme", précise "The Hollywood Reporter".
Fin octobre, Mark Zuckerberg, le PDG de Facebook, a défendu les messages politiques sur son réseau, y compris s'ils mentionnaient des mensonges ou des fausses informations, et ce au nom de la liberté d'expression. Ce à quoi l'acteur qui joue "Borat" au cinéma a répondu : "Il ne s'agit pas de limiter la liberté d'expression de qui que ce soit (...) Mais je pense que nous pourrions tous convenir que nous ne devrions pas donner aux bigots et aux pédophiles une tribune libre pour amplifier leurs points et de vue et cibler leurs victimes."
"Les algorithmes sur lesquels reposent ces plateformes amplifient délibérément le type de contenu qui maintient les utilisateurs engagés - avec des histoires qui font appel à nos instincts les plus bas. C'est pourquoi Youtube a recommandé des milliards de fois des vidéos du conspirationniste Alex Jones. C'est la raison pour laquelle les fausses nouvelles dépassent les vraies informations", a déploré Sacha Baron Cohen. Et de poursuivre : "Si vous payez, Facebook diffusera toute annonce 'politique' de votre choix, même si c'est un mensonge. Et ils vous aiderons même à micro-cibler ces mensonges. Selon cette logique tordue, si Facebook existait déjà dans les années 1930, cela aurait permis à Hitler de publier des publicités de 30 secondes sur sa 'solution' au 'problème juif'."
Selon des propos rapportés par "The Guardian", un porte-parole de Facebook a réagi aux propos de Sacha Baron Cohen : "Il a mal présenté les politiques de Facebook. Le discours de haine est en fait interdit sur notre plateforme. Nous interdisons les personnes qui militent pour la violence et nous renvoyons toute personne qui la loue ou la soutient". Et de conclure : "Personne, pas même les politiciens, ne peut défendre ou faire la publicité de la haine, de la violence ou des meurtres de masse sur Facebook."