Un édito qui ne passe pas. Des dizaines de journalistes du "New York Times" font savoir leur colère et leur indignation sur les réseaux sociaux depuis la parution d'un édito signé par Tom Cotton, sénateur de l'Arkansas, dans les pages "Opinions" du quotidien américain. Intitulé "Envoyez les troupes", il s'agit d'un appel à envoyer l'armée dans les rues des villes américaines afin de mettre un terme aux manifestations contre les violences policières et le racisme.
Cet appel à l'emploi de la force militaire a poussé des membres de la rédaction à publier le même message sur Twitter, en reprenant une capture du titre de l'article. "Publier ceci met les employés noirs du 'New York Times' en danger", a-t-on ainsi pu lire sur le réseau social, un message rapidement repris par des journalistes d'autres publications et par des utilisateurs de Twitter. Une manifestation virtuelle qui n'a fait qu'amplifier les nombreuses critiques à l'encontre du quotidien.
Pris à partie personnellement sur les réseaux sociaux, James Bennet, le responsable de la section "Opinions" du "New York Times" a expliqué pourquoi cet édito avait été publié. Après avoir donné de nombreux exemples d'articles prônant la lutte contre le racisme systémique et soutenant les manifestants, il a expliqué qu'il était également du "devoir" du journal de proposer à ses lecteurs de lire des contre-arguments à ces éditos passés. "Nous comprenons que de nombreux lecteurs puissent trouver l'argumentation du sénateur Cotton blessante, voire dangereuse. Nous pensons que c'est l'une des raisons pour lesquelles il mérite d'être publié et débattu", a-t-il ajouté.
Des explications qui n'ont pas convaincu le syndicat de la presse new-yorkaise Newsguild of New York, qui a publié un communiqué au sujet de la publication de l'édito. "Les employés du 'New York Times' contacteront directement leur direction pour leur faire part de leurs inquiétudes", indique d'abord le syndicat, avant de critiquer "le manque de mise en perspective, la défaillance dans l'examen de l'article par la direction éditoriale et la propagation de fausses informations et le timing" qui accompagnent cet article.
"L'édito met à mal le travail de nos membres, appelant à une violence d'état qui blesse de manière disproportionnée les noirs (...) Cet édito met de l'huile sur le feu. Les médias ont la responsabilité de demander des comptes au pouvoir, pas d'amplifier les voix du pouvoir sans contexte ni mise en garde", conclut le syndicat.