Stéphane Joffre, NRJ 12 : "Notre stratégie est de créer le plus possible nos propres programmes"

Alors que le PAF vit un nouvel épisode de concentration, avec les rachats de Direct 8 et Direct Star par Canal+, NRJ 12 réalise une rentrée offensive. Les nouveautés sont nombreuses, à travers l'évolution de l'access (et notamment l'arrivée de Jean-Marc Morandini), la prochaine relance de la Star Academy ou encore la multiplication des productions françaises... Entretien avec Stéphane Joffre-Roméas, le directeur des programmes de NRJ 12.

Propos recueillis par Julien Lalande et Julien Bellver

Fin août, vous avez inauguré un nouvel access, avec "Hollywood Girls 2" et son magazine présenté par Matthieu Delormeau, suivi de la nouvelle quotidienne de Jean-Marc Morandini. Quel premier bilan tirez-vous ?

Il est extrêmement positif. Depuis la rentrée, nous sommes à 420.000 téléspectateurs en moyenne sur "Hollywood Girls 2" (contre 300.000 à 350.000 lors de la première saison) et près de 6% sur les ménagères de moins de cinquante ans. C'est un peu notre "Plus belle la vie" à nous. "Vous êtes en direct", l'émission de Jean-Marc, affiche, elle, une moyenne de 390.000 téléspectateurs et 5% sur les ménagères. Les objectifs sont dépassés, ces deux émissions sont les plus rentables de la chaine hormis les prime times.

La concurrence va s'intensifier, avec Cyril Hanouna sur D8 mais aussi "Les Ch'tis" bientôt programmés jusqu'à 19h30 sur W9. Vous craignez ce nouvel environnement ?

Nous avons deux succès mais nous savons que rien n'est gagné. On va être très attentifs à ces nouvelles offres, on va continuer à peaufiner nos émissions. Cette nouvelle concurrence sera, je pense, très positive. Elle va nous tirer vers le haut. Concernant "Les Ch'tis", on verra bien mais je note qu'ils ne parviennent toujours pas à dépasser le million pour l'heure, contrairement à notre dernière saison des "Anges de la télé-réalité".

"Vous êtes en direct" est devenu votre émission d'accueil de référence, qui va sans doute affirmer davantage votre identité. Est-ce que la ligne éditoriale vous satisfait ?

Sincèrement, c'est exactement ce que je voulais. Elle est dans l'air du temps, elle surfe sur les buzz du jour avec des invités hétéroclites, de Francis Huster à Shauna Sand. C'est le mélange des genres qui fonctionne. Jean-Marc Morandini est en affinité avec NRJ selon les études que nous avons menées.

En décembre, "Star Academy" va débarquer en access et en prime time. Quels sont les objectifs ?

J'ai de grosses ambitions pour "Star Academy". Si on débute à 400.000/500.000 sur la quotidienne et qu'on finit avec des scores comparables aux "Anges de la télé-réalité", je serai très content. Pour le prime time, j'espère titiller le million sur les premières et aller au-delà après. C'est une des plus belles marques du PAF, elle est puissante. Nous allons faire évoluer l'émission, avec de nouveaux ressorts, de nouveaux professeurs et une nouvelle écriture. Et puis, vous l'avez révélé, nous aurons Matthieu Delormeau et Tonya Kinzinger sur les prime times. Cette femme, c'est un choix du coeur, elle est comédienne, elle danse depuis ses trois ans. J'avais très envie qu'elle nous rejoigne. Elle sera également la directrice du château.

Matthieu Delormeau présente déjà une quotidienne mais aussi trois prime times hebdomadaires de la collection "Tellement vrai" sur NRJ 12, sans compter les rediffusions. Dans ce contexte, pourquoi ne pas faire appel à un nouveau visage ?

Tout simplement parce que Matthieu Delormeau est le meilleur animateur de la chaine pour ce genre de programmes ! Mais c'est vrai qu'il a beaucoup d'émissions. Du coup, pendant la durée de "Star Academy", il n'animera plus le prime time du mercredi intitulé "Tellement vrai, les grandes histoires". Une animatrice, que nous sommes en train de rechercher, le remplacera.

Est-ce qu'il pourrait s'agir de Cécile de Ménibus qui a passé des castings à NRJ ?

Non, pas pour cette émission. Mais c'est vrai que j'ai très envie que Cécile intègre la chaîne. J'ai un programme pour elle, nous sommes en train de travailler dessus.

"Nouvelle Star" dès novembre sur D8, "Star Academy" dès décembre sur NRJ 12, "The Voice" dès janvier sur TF1... Il y aura des morts selon vous ?

Je pense qu'il y aura des pertes d'audience sur les trois programmes, on sera tous un peu touchés. Cette programmation ramassée est regrettable, surtout pour les téléspectateurs. On passe de rien à tout... Après, la mécanique de "Star Academy" est très différente, avec des quotidiennes, un magazine quotidien et des prime times en direct dans lesquels des célébrités viennent chanter aux côtés de nos élèves. C'est le plus gros budget de la saison, avec trois à quatre mois de présence à l'antenne. Ca ne sera pas une "Star Academy" au rabais, avec notamment de grosses stars sur nos prime times. Nous sommes par exemple en discussion avec Céline Dion.

On le disait tout à l'heure, NRJ 12, c'est trois prime times par semaine consacré à une même émission, "Tellement vrai". C'est du jamais vu sur la TNT. Pourquoi ce manque de diversité ?

On doit être malins alors que, à la différence de TMC, NT1, W9 et maintenant D8, nous n'avons pas accès à un catalogue de programmes comme nos concurrents. De surcroit, les droits de diffusion des films sont devenus plus chers et l'accès aux catalogues est de plus en plus difficile. Notre stratégie est donc de créer le plus possible nos propres programmes. Je note tout de même que nos trois cases "Tellement vrai" sont très puissantes sur les cibles commerciales, on est toujours premiers ou deuxièmes TNT sur les ménagères. "Tellement vrai" est devenue une marque très forte que nous déclinons. Si je dois passer à quatre ou cinq prime times, ça ne me dérange pas.

Jean-Paul Baudecroux, le patron du groupe NRJ, a affirmé que vous alliez produire de plus en plus en interne. Est-ce que cela signifie que vous allez racheter "La Grosse équipe", une société de production qui produit beaucoup pour vous à l'image de "Hollywood Girls" et des "Anges de la télé-réalité" ?

Non. Cette société fait partie de la cinquantaine de producteurs avec qui nous travaillons. Notre logique est d'inventer nos propres programmes et de déléguer la production exécutive à des sociétés extérieures, à l'image de "Hollywood Girls" que "La Grosse équipe" fabrique pour nous mais dont le format nous appartient. Aujourd'hui, notre grille est constituée à 70% de programmes que nous avons créés.

On a vu que les chaines TNT de TF1 et M6 se sont lancées dans la fiction française quotidienne ou hebdomadaire. Quand est-ce que les projets de NRJ 12 de ce type arriveront à l'antenne ?

Dans trois semaines, nous débuterons à St Martin le tournage de "Hôtel Caraïbes" avec Tonya Kinzinger en héroïne, mais aussi Dominique Magloire qui était dans "The Voice, la plus belle voix". C'est une adaptation du format argentin "Dreams with me" que Jean-Luc Azoulay va produire pour nous. Nous programmerons cette série en access quotidien, par salve, à l'image de "Hollywood Girls". Nous travaillons aussi sur de la fiction longue pour du prime time et sur une nouvelle scripted reality. Et puis il y aura un "Hollywood Girls 3" et "Les Anges de la télé-réalité 5".

Pour conclure, NRJ 12 est la troisième nouvelle entrante sur les moins de cinquante ans. Avec 3,1% de parts de marché depuis le début de l'année, vous êtes derrière W9 (4,9%) et TMC (3,4%). Vous avez l'ambition de doubler TMC ?

On les rattrape ! C'est notre coeur de cible (avec les ménagères et les 15-34 ans) même si nous faisons très attention à la cible élargie des quatre ans et plus. Je pense que nous avons encore une marge de progression. On va rentrer dans une nouvelle ère avec l'arrivée de D8. Il va falloir faire preuve d'audace, de nouvelles idées. La télé plan-plan, c'est terminé. Il faut être dans le mouvement. Ce qui va changer pour moi, c'est le rythme. Les téléspectateurs aiment puis "désaiment" très vite. Il y a un vrai pouvoir de la télécommande. Je pense qu'il y a certains groupes qui se sont un peu endormis, ils peuvent le payer très cher...