Radio
Thomas Sotto (Europe 1) : "Je ne cherche pas à être populaire à tout prix"
Publié le 3 septembre 2013 à 11:16
Par Benoit Daragon
Une semaine après son arrivée aux manettes de la matinale d'Europe 1, Thomas Sotto fait le point.
Thomas Sotto présente la matinale d'Europe 1 Thomas Sotto présente la matinale d'Europe 1© Capa pictures / Europe 1
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Une semaine après avoir fait ses premiers pas sur Europe 1, où il succède à Bruce Toussaint aux manettes de la matinale, Thomas Sotto semble plutôt à l'aise dans ses nouveaux habits d'anchorman. Après trois heures d'antenne, il décrypte pour puremedias.com la mécanique et les ambitions de ce nouveau rendez-vous d'info. Le journaliste, présentateur du magazine "Capital", revient également sur ses relations avec les dirigeants de M6 lors de ce transfert.

Propos recueillis par Benoît Daragon.

puremedias.com : Après une semaine de matinale, vous sentez-vous à l'aise ?

Thomas Sotto : Je m'amuse beaucoup ! Je trouve que la mayonnaise prend assez facilement entre les équipes et moi. Je me sens à l'aise avec la grille qu'on a mise en place. Je pense qu'on a une matinale avec un fort potentiel, qui correspond à l'idée qu'on en avait quand on était devant notre feuille blanche avec Fabien Namias (le patron d'Europe 1, ndlr) et Nicolas Escoulan et Jean-Philippe Balasse (les directeurs de la rédaction de la station, ndlr). Evidemment, il y a une marge de progression sur tout.

On ne vous sent pas spécialement stressé ?

Je ne suis pas de nature stressée. Je suis toujours plus anxieux dans la phase de préparation qu'à l'antenne. Pour être honnête, j'étais content que la première passe car ça faisait six mois qu'on la préparait. C'est la première foulée d'un marathon qui va être long. On prend de l'altitude et on espère qu'on va aller haut.

"On a voulu que chaque demi-heure ait du sens"

Quelles sont les grandes lignes de votre matinale ?

On n'a pas conçu cette matinale en fonction de ce qui se faisait l'année dernière ou de ce qui est proposé ailleurs. On l'a faite en fonction de nos envies, de notre vision sur l'actu. On raisonne vraiment dans des logiques de tranches. On a voulu que chaque demi-heure ait du sens. La première est consacrée à l'échange avec l'auditeur. La deuxième, à 6h30, permet de tout savoir, avec ce rendez-vous que j'aime bien où on réveille quelqu'un de connu ou non qui va vivre une journée particulière.

La demi-heure suivante est dominée par une chronique, à 7h15, qui s'appelle "Vous allez tout comprendre" où on approfondit à fond un thème d'actu (les impôts, la Syrie, le vin, etc.). Le 7h30/8h00 est là pour trancher avec des opinions : l'interview vérité pendant laquelle j'essaye de gratter un peu mes invités, la chronique éco de Nicolas Barré et celle de Daniel Cohn-Bendit. A 8h, c'est le moment politique marqué par l'invité de Jean-Pierre Elkabbach. Et enfin on se relâche un peu en restant sur le news avec d'abord Natacha Polony puis Nicolas Canteloup et enfin un résumé des temps forts de la matinale avant de rendre l'antenne à Jean-Marc Morandini.

Au risque de perdre des gens chaque demi-heure en leur offrant des portes de sorties ?

Non non, je ne crois pas car ce sont à chaque fois des façons différentes de traiter la même actualité, en apportant un éclairage différent. Tout est très anglé.

"Cela fait du bien de prendre cinq minutes pour comprendre"

On vous sens très à l'aise dans la demi-heure explication...

Oui, c'est la colonne vertébrale de ma vision du métier. La vulgarisation, c'est ce que j'aime, c'est basique chez moi. Une heureuse déformation que je dois à mes rédacteurs en chef quand je faisais des JT pour enfants. Je me dis toujours que la seule question bête, c'est celle qu'on n'ose pas poser. On a le droit de reprendre le B.A.-BA, cela permet d'avancer.

Vous avez plusieurs moments à vous : une interview dans l'actualité, un coup de téléphone, une revue de presse. Plus que vos concurrents animateurs !

J'ai de la chance d'avoir des moments où je peux travailler l'écriture, oui ! C'est précieux quand on est journaliste. Mais je ne suis pas au-dessus des autres, nous sommes ensemble. Il doit y avoir de la convivialité, je veux que chaque chroniqueur puisse revenir à un autre moment de la matinale, de façon imprévue. J'ai aimé que, lors de la première, Cohn-Bendit revienne en studio pour réagir à l'interview de Laurent Fabius par Jean-Pierre Elkabbach.

"Daniel Cohn-Bendit n'est pas quelqu'un de partisan et il assume ses points de vue"

La nouveauté, c'est l'arrivée de Daniel Cohn-Bendit. Un homme politique est le mieux placé pour donner un avis sur la politique ?

Je ne sais pas mais Daniel, que je ne se connaissais pas du tout, a une liberté de penser. Ce n'est pas quelqu'un de partisan. Et il assume ses points de vue. Il ne feint pas. Il est dans la passion mais jamais dans l'excès. Quand il parle de Merkel, il a le courage de dire qu'il l'aime bien. Il ne fait pas de la politique politicienne. En plus, Daniel Cohn-Bendit est quelqu'un de très convivial. Même s'il doit se roder encore, j'y crois beaucoup !

Du coup, il a contraint Caroline Roux à changer d'exercice...

Je voulais qu'elle change un peu de façon de traiter la politique. Elle a de supers infos, Caroline. Et je trouvais ça dommage qu'elle n'en fasse pas profiter les auditeurs. Donc elle nous fait vivre la politique de l'intérieur, comme si on avait reçu nous même les SMS de François Hollande et de Nicolas Sarkozy. C'est donc plus une chronique sur les coulisses, qu'un édito à proprement parler. Je trouve qu'elle apporte vraiment quelque chose que les autres radios ne font pas.

"On est clairement moins faits divers que d'autres radios"

On lit partout que Europe 1 cherche à monter en gamme. Quelles catégories d'auditeurs comptez-vous recruter ? On n'a pas l'impression d'une matinale très CSP+...

Je suis incapable de raisonner en termes de catégories socio-professionnelles. Moi je ne me dis jamais : "Tiens, on va faire tel sujet pour plaire à tel genre d'auditeurs" ! C'est l'actu qui commande et nous on s'adapte. Bien sûr, j'ai envie de séduire le plus grand nombre mais je ne cherche pas non plus à être populaire à tout prix. On est clairement moins faits divers que d'autres radios, par exemple. On les traite quand ils sont dans l'actualité mais on est prudent quand les histoires sont douteuses. Et on est sobre. Je préfère attendre un peu et dire qu'on ne sait pas que de dire des choses qui vont s'avérer fausses le lendemain.

Il y a quelques années, Europe 1 voulait s'attaquer à RMC, puis à RTL et à France Inter. Quel public attaquez-vous en cette rentrée ?

Ola... Je ne sais pas du tout. Si cela fait partie de la stratégie de la station, à aucun moment cela ne m'a été présenté comme tel. Je cherche juste à faire une bonne matinale, et être intéressant de 6 à 9 heures.

"Les audiences ne m'ont jamais empêché de dormir"

Comment s'est passée votre embauche ? Vous avez démarché Fabien Namias ?

Non non, j'étais très content de pouvoir dormir le matin et d'avoir l'air reposé (rires) ! Fabien Namias, que je ne connaissais pas du tout, m'a contacté. Quand vous aimez l'actualité, la matinale d'Europe 1, ça ne se refuse pas. Le temps de réflexion a été d'une micro-seconde. Je me suis juste demandé si j'allais pouvoir tenir le rythme.

Le challenge de relancer une matinale qui a souffert ces dernières saisons ne vous a pas inquiété ?

A l'époque où je pouvais dormir la nuit, les audiences ne m'ont jamais empêché de dormir. Je ne prétends pas avoir la recette magique pour faire de l'audience à la télévision comme à la radio. Donc je suis là pour faire la meilleure matinale possible. Faire progresser la tranche sans objectif d'audience chiffré. Après, voir mon visage partout dans Paris me met un peu la pression. Je me suis retrouvé en scooter derrière un bus sur lequel était placardé mon visage : assez étrange comme sensation (rires) !

Visiblement, les patrons de M6 (qui ont les mêmes actionnaires que ceux de RTL) ont peu apprécié que vous arriviez sur Europe 1 et ont hésité à vous maintenir à la tête de "Capital"...

Je suis un garçon bien élevé donc j'ai fait les choses dans l'ordre. Je suis allé voir Nicolas de Tavernost, le patron du groupe M6, avant de signer. Il ne l'a évidemment pas appris par la presse ! On a discuté. Il est clair que mon nouvel emploi du temps m'empêchait d'assurer la rédaction en chef de "Capital". Il avait la possibilité d'estimer que, comme cela a toujours été le cas à "Capital", le présentateur soit aussi le rédacteur en chef de l'émission, soit que les fonctions pouvaient être séparées. Comme je connais très bien les équipes sur place, il a décidé que c'était une bonne solution de me maintenir aux commandes. Je suis très content car, quand je suis arrivé à "Capital", on a entrepris de changer cette émission et ce chantier n'est pas encore terminé.

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