Tous les journaux rêvent de lecteurs aussi généreux. L'un de "Nice Matin" vient d'adresser à la rédaction un chèque de 50.000 euros pour lui venir en aide suite à l'appel lancé sur le web pour renflouer ses caisses. C'est l'un des journalites du quotidien qui l'annonce sur son compte Twitter, précisant que ce généreux donateur souhaite rester anonyme :
ENORME. Un (très) généreux donateur nous a fait un chèque de 50000€ pour notre #crowdfunding sur @ululeFR #NiceMatin pic.twitter.com/LJeoLSEEV0
- Damien Allemand (@damienallemand) 20 Août 2014
Avec ce chèque de 50.000 euros, on en est à 247.830, soit 82% de notre objectif #OUF #crowdfunding pic.twitter.com/5e5tjAvOjE
- Damien Allemand (@damienallemand) 20 Août 2014
Depuis plusieurs mois, le groupe de presse propriétaire notamment des quotidiens "Nice-Matin", "Var-Matin" et "Monaco-Matin" traverse une très grave crise financière. L'actionnaire actuel, le Groupe Hersant Média (GHM), souhaite ainsi se désengager du groupe qui affiche des pertes depuis trois ans. Placé fin mai en redressement judiciaire, le groupe est toujours à la recherche de repreneurs d'ici fin septembre pour éviter la faillite. Plutôt que de rester simples observateurs, certains salariés du groupe de presse ont décidé de prendre leur destin en main en tentant de racheter eux-mêmes leur journal à travers la création d'une SCOP (société coopérative et participative).
Pour soutenir ce projet lancé le 28 juillet dernier, les salariés de Nice-Matin ont lancé un appel aux dons à leurs lecteurs via la plate-forme de financement participatif Ulule. Sur le site, ils expliquent ainsi le but de leur démarche. "Fin septembre, la messe sera dite. Placé en redressement judiciaire, on nous promet de 'virer' entre 800 et 400 des 1.100 salariés qui chaque jour racontent votre quotidien" rappellent ainsi les salariés.
"Nous sommes cependant le roseau de la presse quotidienne régionale. OK pour plier, décidés à ne pas rompre. Loin d'ériger des barricades, on a juste l'intention de prendre les investisseurs-licencieurs à leur propre piège. C'est sur leur terrain de jeu qu'on va les provoquer. Ils veulent nous racheter pour se payer sur la bête, on surenchérit" lancent-ils ensuite. Avant d'expliquer qu'ils veulent pour leur part procéder à 120 départs volontaires. Une opération qui permettrait selon eux de faire 14 millions d'euros d'économies et de remettre le journal "sur les rails d'une gestion saine".
Au total, les salariés estiment le coût de leur projet de reprise à 12,3 millions d'euros. 6 viendront d'un emprunt "auprès de banquiers vertueux", 3 d'un partenaire privé déjà "prêt à (les) suivre sur un deal 60-40", un million d'euro sera fourni par l'Union Régionale des SCOP et 2 millions par les salariés eux-mêmes. "Nous avons levé l'essentiel des fonds" annoncent ainsi les pilotes du projet.
Cet appel aux dons semble en tout pour l'instant trouver un certain écho. LA quasi-totalité de la somme a ainsi déjà été réunie, soit près de 300.000 euros. Cette somme pourrait servir à sauver une dizaine d'emplois. Le projet des salariés a reçu le soutien de plusieurs responsables politiques dont le maire de Nice, Christian Estrosi. Même la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, a apporté officiellement son soutien à cette initiative." Si plusieurs offres de reprise ont été faites, la proposition portée par des salariés de création d'une société coopérative et participative mérite un examen attentif et sérieux ", a-t-elle estimé.
JB/BM.