Le sauvetage de "Nice Matin" aura-t-il lieu grâce à ses lecteurs ? Depuis plusieurs mois, le groupe de presse propriétaire notamment des quotidiens "Nice-Matin", "Var-Matin" et "Monaco-Matin" traverse une très grave crise financière. L'actionnaire actuel, le Groupe Hersant Média (GHM), souhaite ainsi se désengager du groupe qui affiche des pertes depuis trois ans.
Placé fin mai en redressement judiciaire, le groupe est toujours à la recherche de repreneurs d'ici fin septembre pour éviter la faillite. Plutôt que de rester simples observateurs, certains salariés du groupe de presse ont décidé de prendre leur destin en main en tentant de racheter eux-mêmes leur journal à travers la création d'une SCOP (société coopérative et participative).
Pour soutenir ce projet lancé le 28 juillet dernier, les salariés de Nice-Matin ont lancé un appel aux dons à leurs lecteurs via la plate-forme de financement participatif Ulule. Sur le site, ils expliquent ainsi le but de leur démarche. "Fin septembre, la messe sera dite. Placé en redressement judiciaire, on nous promet de 'virer' entre 800 et 400 des 1.100 salariés qui chaque jour racontent votre quotidien" rappellent ainsi les salariés.
"Nous sommes cependant le roseau de la presse quotidienne régionale. OK pour plier, décidés à ne pas rompre. Loin d'ériger des barricades, on a juste l'intention de prendre les investisseurs-licencieurs à leur propre piège. C'est sur leur terrain de jeu qu'on va les provoquer. Ils veulent nous racheter pour se payer sur la bête, on surenchérit" lancent-ils ensuite. Avant d'expliquer qu'ils veulent pour leur part procéder à 120 départs volontaires. Une opération qui permettrait selon eux de faire 14 millions d'euros d'économies et de remettre le journal "sur les rails d'une gestion saine".
Au total, les salariés estiment le coût de leur projet de reprise à 12,3 millions d'euros. 6 viendront d'un emprunt "auprès de banquiers vertueux", 3 d'un partenaire privé déjà "prêt à (les) suivre sur un deal 60-40", un million d'euro sera fourni par l'Union Régionale des SCOP et 2 millions par les salariés eux-mêmes. "Nous avons levé l'essentiel des fonds" annoncent ainsi les pilotes du projet. Ces derniers en appellent désormais à la solidarité de leurs lecteurs pour récolter les fonds qui leur manquent, soit 300.000 euros. A les en croire, cette somme pourrait servir à sauver une dizaine d'emplois.
Cet appel aux dons semble en tout pour l'instant trouver un certain écho. Plus de la moitié de la somme a ainsi déjà été réunie, soit près de 157.000 euros. Alors qu'il reste 39 jours de collecte, l'objectif des 300.000 euros ne semble pas inatteignable. Mieux encore pour les salariés de "Nice Matin", leur projet a reçu le soutien de plusieurs responsables politiques dont le maire de Nice, Christian Estrosi.
Lundi, c'est même la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, qui a apporté officiellement son soutien à cette initiative." Si plusieurs offres de reprise ont été faites, la proposition portée par des salariés de création d'une société coopérative et participative mérite un examen attentif et sérieux ", a-t-elle estimé dans un communiqué, annonçant par la même occasion que les représentants des salariés du groupe de presse seraient reçus aujourd'hui par les membres de son cabinet.