Une enquête "problématique" ? À deux reprises, hier et ce lundi, Sandrine Rousseau, députée Europe Écologie - Les Verts (EELV), a mis en cause un article de "Libération", paru le vendredi 30 septembre. Intitulée "Affaire Bayou : comment des militantes et des ex ont mis le chef d'EE-LV sous surveillance", cette enquête révèle que Julien Bayou vivait depuis trois ans sous la pression d'un collectif féministe informel, Les louves alpha, qui lui reprochait sa conduite et enquêtait sur ses relations. Le député de Paris a démissionné le 26 septembre de ses fonctions de secrétaire national d'EELV après avoir été publiquement accusé de violences psychologiques envers son ex-compagne.
Interrogée dans "Dimanche en politique" sur France 3 hier et dans "Le 7/9h30" de France Inter ce matin, Sandrine Rousseau, députée écologiste, a dit qu'elle "ignorait totalement" l'existence de ce collectif. Mais dans le même temps "récuse le fait que ce soit un collectif qui enquête sur la situation de (Julien) Bayou et qui mette sous pression (Julien) Bayou", a-t-elle déclaré au micro de Léa Salamé et Nicolas Demorand. Toujours selon "Libération", l'une des femmes membres de la cellule chargée de traiter les signalements de violences sexuelles et sexistes dans le parti, et qui instruit actuellement le cas de Julien Bayou, fait également partie de ce groupe informel ayant ciblé la vie privée du député de Paris.
"Ce sont des femmes qui se parlaient et qui cherchaient à protéger de nouvelles conquêtes de Julien Bayou et qui l'ont sans doute fait maladroitement peut-être, pourquoi pas. Mais les femmes ont le droit de se parler, de se prévenir, de dire qu'elles souffrent et qu'elles souffrent ensemble", a relativisé la députée. Avant de nouveau de qualifier de "problématique" l'article de "Libération". Le tort de cette enquête, selon Sandrine Rousseau, est de reprendre "des termes qui ne sont pas objectifs : typiquement "l'enquête", "sous surveillance", ce sont des termes qui ne sont pas neutres".
"Par ailleurs", a-t-elle reproché, "pour avoir appelé une des personnes que j'ai cru reconnaître dans cet article, elle n'a pas été appelée par les journalistes de 'Libération'... Citer des personnes, en changeant les noms, sans jamais les interroger, et en mettant dans cet article un brouillon de mail... Je ne sais pas quelle est la solidité des propos qui y sont tenus".
Ces deux déclarations ont fait réagir "Libération". "Contrairement à ce qu'affirme Sandrine Rousseau actuellement sur France Inter, le contradictoire a été scrupuleusement respecté dans le cadre de notre enquête sur l'affaire Bayou. Nous le prouverons si nécessaire", a tweeté Willy Le Devin, co-signataire de l'article avec Charlotte Belaïch.
Pour rappel, Sandrine Rousseau avait, dans l'émission de France 5 "C à vous", qualifié des comportements de Julien Bayou "de nature à briser la santé morale des femmes". "D'ailleurs, (son ex-compagne) a fait une tentative de suicide quelques semaines après, tellement elle allait mal", a-t-elle pris soin de préciser dans la toute dernière minute de l'émission.
Cette déclaration a entraîné une semaine plus tard la démission de Julien Bayou de ses fonctions de chef de parti. "J'ai répondu en tant que citoyenne, dans un moment où il fallait de la transparence", s'est défendu hier dans "Dimanche en politique" la députée, interrogée sur le fait d'évoquer ces accusations malgré l'absence de plainte visant Julien Bayou. "Pour protéger ce combat, il faut qu'il y ait des personnes qu'on ne peut pas accuser d'être partisanes ou déloyales à la cause des femmes, même quand ça les dessert." "Je ne regrette absolument rien et vous ne me ferez rien regretter."
Le lendemain de sa déclaration dans "C à vous", Patrick Cohen, éditorialiste de l'émission présentée par Anne-Élisabeth Lemoine, avait parlé d'un épisode aussi "inédit qu'inquiétant".