"Paris Match" a vu une vidéo tournée par un passager à l'intérieur de l'A320 de la Germanwings juste avant son crash, le 24 mars. C'est ce qu'a annoncé l'hebdomadaire mardi dernier à l'issue d'une enquête sur la catastrophe menée en partenariat avec le quotidien allemand "Bild". Une information mise en doute par les autorités françaises.
"Tout ce que je peux vous dire, c'est qu'à l'heure actuelle, tous les portables sont en cours d'acheminement à l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (...) Les enquêteurs n'ont exploité aucun portable à ce jour", a précisé le lieutenant-colonel de gendarmerie, Jean-Marc Ménichini. Ce dernier a par ailleurs indiqué à CNN que les affirmations de "Paris Match" et "Bild" étaient complètement "fausses" et "déplacées". De son côté, le procureur de Marseille en charge de l'enquête, Brice Robin, a qualifié mardi l'information d' "étonnante" et invité "Paris Match" à remettre l'enregistrement aux enquêteurs.
Hier soir, le patron du journal, Olivier Royant, a confirmé l'existence de cette vidéo sur le plateau de "C à vous" sur France 5. "On a pu visionner un enregistrement vidéo de 13 secondes, apparemment issu d'un téléphone portable, d'assez mauvaise qualité, qui proviendrait des lieux du crash", a-t-il ainsi expliqué. Avant de décrire la séquence : "C'est une sorte de scène absolument chaotique à l'intérieur d'un avion. On ne distingue personne. En revanche, on entend des cris de passagers. On entend 'Mon Dieu' en plusieurs langues : allemand, espagnol. On entend également des bruits à trois reprises d'un objet peut-être métallique qui tape sur quelque chose. Et enfin, on entend, voit, sent une secousse dans le vague. Et après, encore des cris qui s'accentuent et puis plus rien".
Interrogé sur la provenance de cet enregistrement, Olivier Royant a expliqué qu'il viendrait des décombres de l'avion. Il a ensuite défendu le choix de son journal de révéler l'existence d'une telle vidéo, en retranscrivant son contenu. "Je pense que le public a le droit de savoir. Jusqu'à présent, si l'on s'en réfère simplement à l'enquête, il y a très peu de choses que l'on saurait et heureusement que la presse travaille pour enquêter", a-t-il expliqué.
"On a vu que la presse joue un grand rôle puisque c'est grâce à la presse que l'enquête avance, a-t-il ajouté. Et de mettre en cause l'attitude des autorités française : "La voix officielle n'est pas celle qui nous raconte tout sinon on nous aurait raconté le soir du crash ce qu'il s'est vraiment passé". "Il est quand même extraordinaire qu'il ait fallu attendre que le 'New York Times' révèle les choses pour qu'on nous dise la vérité", a-t-il déploré.
Lorsqu'Anne-Sophie Lapix a demandé à Olivier Royant de fournir la vidéo aux enquêteurs, ce dernier a précisé qu'il ne l'avait pas. "J'ai pu la visionner mais je ne l'ai pas", a simplement commenté le journaliste, précisant qu'on ne lui avait pas proposé de l'acheter. "Ces 13 secondes n'apportent rien à l'enquête", a de toute façon estimé le patron de "Paris Match", expliquant que l'enregistrement n'était pas vraiment "exploitable" par les enquêteurs.